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Après un été pluvieux et un hiver particulièrement doux, accompagné d’un couvert neigeux plutôt faible à plusieurs endroits, le printemps s’annonce hâtif pour l’ensemble de la province. Une situation qui agite le spectre du temps chaud trop tôt en saison, suivi d’un fort gel, ce qui causerait des dommages considérables aux luzernières.
Dans le pire scénario, les producteurs auraient à recommencer une partie du travail de l’an dernier, dont les semis de plantes fourragères, ce qui pourrait compromettre l’approvisionnement en foin de qualité pour cette année. Une hypothèse que confirme l’agronome Maxime Leduc, bien qu’il soit encore trop tôt pour l’envisager. « La seule façon de savoir s’il y a de la mortalité ou non, c’est d’aller faire le comptage des plants ou des tiges dans les champs. Actuellement, il n’y a pas eu assez de chaleur pour amorcer la croissance des plants et permettre de faire ce type d’évaluation », reconnaît-il.
Certaines régions du Québec sont cependant plus à risque de subir des dommages hivernaux à l’approche du printemps. « Les dommages hivernaux sont dus à deux facteurs : l’exposition aux basses températures inférieures à -15 degrés Celsius sans couvert de neige pour protéger les plants, et la présence d’une couche de glace en contact direct avec le sol. Cette glace peut entraîner l’asphyxie des plantes ou l’écrasement de la couronne de la plante », explique l’agronome, qui a participé à la réalisation de 10 fiches techniques diffusées dans le cadre du Réseau de vitrines de démonstration de la culture de la luzerne. Organisé par la Coordination services-conseils, le projet visait à présenter les problèmes auxquels sont confrontés les producteurs de luzerne.
« En l’absence d’un couvert de neige isolant, puisque la glace est un excellent conducteur thermique, les plants sont exposés aux variations de température. L’exposition entraîne une perte d’endurcissement et de tolérance aux températures létales, et les plants se déchaussent en raison du gel-dégel », précise M. Leduc.
Évaluer l’état des lieux
Si l’on soupçonne un état de champ problématique, la première étape est d’en évaluer l’étendue pour déterminer le protocole d’intervention le plus approprié. « Il faut estimer le nombre de plants sains au champ tôt le printemps en choisissant cinq secteurs représentatifs dans le champ. Ensuite, avec un quadrat, on compte le nombre de plants », explique M. Leduc. « Il est aussi possible de déterrer cinq plants par quadrat pour classer le niveau de santé du système racinaire selon une condition de 0 à 5 », poursuit-il. Par exemple, selon des stades de détérioration du système racinaire plus ou moins graves, un plant « 0 » est sain, tandis qu’un plant classé 3, 4, ou 5 affiche une décoloration et une pourriture croissantes, le stade 5 désignant un plant mort. « Un autre facteur à regarder est la présence de déchaussement des plants par l’action du gel-dégel », note M. Leduc. Par exemple, des plants dont les couronnes sont à moins de 2,54 cm du sol sont plus fragiles, mais ils se rétablissent généralement, tandis que des couronnes à moins de 4,06 cm du sol signalent une racine pivotante probablement brisée, et un plant qui ne survivra pas.
Partant de ce constat, quand faut-il rénover sa luzernière? « Quand plus de 30 % des plants ont un système racinaire classé entre 3 à 5, ou lorsqu’il y a moins de cinq plants vivants par pied carré, il faut intervenir », recommande l’agronome. Pour rappel, la luzerne est considérée comme morte quand les racines s’arrachent facilement lorsqu’on tire sur le plant, que la couronne est molle ou s’écrase entre les doigts, ou qu’une odeur de pourriture se dégage des racines.