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Au Québec, que ce soit par l’émergence des coopératives agricoles au début du XXe siècle, l’adoption en 1956 de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche ou la mise en place du système de gestion de l’offre en 1972, les agriculteurs ont compris les avantages du regroupement pour se doter d’un rapport de force sur les marchés.
Dès 1908, avec l’adoption de la Loi sur les sociétés coopératives agricoles, le Québec devient un terreau fertile pour la création de ce modèle qui reçoit la bénédiction du clergé qui y voyait une troisième voie modérée entre le capitalisme et le socialisme. Moins de 20 ans après l’entrée en vigueur de la loi, pas moins de 373 coopératives locales et 37 régionales étaient alors en activité dans la province.
Une approche unique
Pour l’Union catholique des cultivateurs (UCC), l’adoption par le gouvernement Duplessis en 1956 de la Loi sur la mise en marché des produits agricoles reste un jalon important de son histoire. Près de 70 ans après son entrée en vigueur, cette approche demeure unique en Amérique du Nord. Cette Loi permet aux agriculteurs d’intervenir collectivement dans la commercialisation de leurs produits à travers la mise en place d’un plan conjoint. Il s’agit d’un mécanisme d’action collective qui leur donne la capacité de négocier et d’améliorer leurs conditions de mise en marché et ainsi, de rétablir un rapport de force plus équilibré avec leurs partenaires. Les pouvoirs exercés en vertu d’un plan conjoint sont vastes. Ils vont du suivi des informations sur les marchés à la détermination des conditions de production, des normes portant sur la qualité, au transport ou au contingentement de la production ou à l’application des prix. En 2022-2023, plus de 90 % des produits agricoles mis en marché par les groupes spécialisés de l’UPA, soit l’équivalent de 11,5 milliards de dollars, ont été réalisés de façon collective, c’est-à-dire à travers les outils inscrits dans la loi.
Agriculteur à Baie-du-Febvre, chef économiste de l’UPA de 1995 à 2002 et ardent défenseur du système de gestion de l’offre, Yvon Proulx estimait que « les valeurs derrière le système de mise en marché collective qu’on a développé, ce sont des valeurs de solidarité, de responsabilité, de partage, qui nous ont permis de prendre la place qui nous revient et d’avoir un équilibre des chances puis une certaine équité entre nous tous ».
Reconnaissant lui aussi le caractère historique de cette loi pour les agriculteurs québécois, Marcel Groleau, président de l’UPA de 2011 à 2021, soulignait qu’il s’agissait « d’un des moments charnières de notre histoire. Le gouvernement reconnaissait aux producteurs le droit de s’associer ensemble pour vendre et négocier collectivement leurs productions ».
Les premiers plans conjoints de produits agricoles | |
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1956 | Fruits et légumes de transformation |
1957 | Tomates de conserverie |
1957 | Bois (Office des producteurs de bois du Saguenay) |
1958 | Tabac jaune |
1960 | Sucre et sirop d’érable |
Actuellement, le Québec compte 33 plans conjoints, dont 15 en agriculture, 14 dans le secteur de la foresterie et 4 dans la pêche. |
Enfin, en 1972, dans le but de protéger l’agriculture canadienne des industries étrangères, le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau instaurera le système de gestion de l’offre qui permettra de stabiliser les prix au pays, mais aussi de limiter les importations. Au Canada, cinq types de production sont assujettis à la gestion de l’offre : le lait et ses produits dérivés, le poulet, le dindon, les œufs de consommation et les œufs d’incubation. Les traités de libre-échange signés depuis plus de 30 ans ont cependant fragilisé des acquis gagnés il y a maintenant plus de 50 ans.
Un autre outil en plein essor : la chambre de coordination et de développement
Outre les plans conjoints, la Loi prévoit la mise en place d’une chambre de coordination et de développement. Depuis plus d’une quinzaine d’années, le secteur de la production de fraises et de framboises a décidé de se doter d’un tel outil, alors que les producteurs maraîchers en plein champ viennent d’obtenir l’approbation pour la mise en place d’une chambre de coordination permettant le financement de la recherche dans le domaine. Les Producteurs en serre, pour leur part, sont actuellement en processus de formation d’une telle chambre.