Pommes de terre 8 avril 2024

Un sous-ministre à l’environnement se fait encourageant

TROIS-RIVIÈRES – Un sous-ministre du ministère de ­l’Environnement du Québec, Stéphane Armanda, a pris l’engagement de travailler à réduire la pression sur les producteurs.

Ce dernier a été invité à l’assemblée générale annuelle de la Fédération des producteurs de pommes de terre du Québec (FPPTQ), le 27 mars, à Trois-Rivières, pour entendre et commenter les doléances des participants concernant la nouvelle réglementation sur le captage de l’eau et le rejet de l’eau de lavage. Et des doléances, il en a entendu, jusqu’à ce qu’il surprenne les producteurs en prenant un engagement.

Stéphane Armanda

Je m’engage à travailler très fort pour vous autres, pour essayer de corriger la situation, pour alléger le processus administratif autour de la réglementation. Je ne peux pas garantir le résultat, mais je peux garantir que je vais travailler très fort.

Stéphane Armanda, sous-ministre du ministère de l’Environnement du Québec

Il a aussi souligné son intention d’essayer d’obtenir des résultats rapidement. « D’ici un mois, je devrais réussir à avoir des allégements administratifs. Ce que je veux dans le futur, c’est qu’on s’assoit ensemble pour établir un calendrier de travail commun », a-t-il affirmé en laissant entendre que 2027 ne devait pas être perçu comme une échéance rigide pour le respect de la réglementation. 

Le sous-ministre adjoint à l’expertise et aux politiques en milieu terrestre et du développement durable a toutefois prévenu les producteurs qu’ils ne devaient pas espérer se soustraire aux exigences qui leur étaient imposées et devaient entreprendre les démarches pour s’y conformer. 

Pas pénalisés par les délais du ministère

Face aux craintes soulevées par les délais dans l’émission des certificats de conformité pour la captation de l’eau, le haut fonctionnaire s’est montré rassurant. « Il n’est pas question de vous taper sur les doigts parce que le ministère n’a pas délivré les [certificat d’autorisation] dans les temps. C’est quelque chose que je n’accepterai pas. Si vous avez fait les choses comme il faut, dans les délais qui sont demandés, mais que ça prend un an à livrer un certificat, vous n’avez pas à être pénalisés. C’est tout ça qu’il faut corriger, et c’est la même chose pour les eaux de lavage. Si, par exemple, l’eau de lavage est par la suite réutilisée par le producteur dans des champs, il ne devrait pas avoir besoin d’autorisation. C’est à tout ça qu’il faut réfléchir. »

Francis Desrochers

Les propos du sous-ministre ont semblé rassurer bon nombre de participants, à ­commencer par le président de la FPPTQ, Francis Desrochers. 

« C’est vraiment encourageant. Je pense qu’on sort gagnant avec ce qu’on vient d’entendre. […] C’est la première fois qu’un sous-ministre vient nous parler pour nous dire : ‘‘On va vous aider, on va vous donner de l’air avec des ­allégements réglementaires’’ », s’est-il réjoui à l’issue de l’assemblée. 

Selon le président, la multiplication, au cours des derniers mois, des rencontres de travail du « comité des eaux de lavage » réunissant des fonctionnaires des ministères de l’Environnement et de l’Agriculture (MAPAQ) ainsi que des représentants des producteurs doit être perçue comme un gage de bonne foi des parties et démontre surtout ­l’urgence de proposer des solutions aux producteurs.

Où prendre l’argent?

L’épineuse question du financement des infrastructures requises pour respecter la nouvelle réglementation en matière de captation et de rejets des eaux demeure une préoccupation pour les producteurs.

« Il n’est pas seulement question d’obtenir un certificat d’autorisation. Il va falloir faire des investissements, et on n’a pas des millions à investir dans de nouvelles installations, pour la construction de bassins, de nouveaux systèmes d’irrigation », a lancé le producteur René Forest, de la ferme Les Cultures Georges Forest, de Lavaltrie, dans Lanaudière. 

Le président de la FPPTQ, Francis Desrochers, a alors rappelé que des sources de financement pourraient être utilisées pour aider les producteurs, comme le Fonds bleu créé par Québec l’an dernier pour financer des projets reliés à la protection, à la restauration, à la mise en valeur et à la gestion des ressources en eau. 

Le sous-ministre Stéphane Armanda a abondé dans le même sens. « Le Fonds bleu pourrait servir à financer différents projets, de même que le Fonds d’électrification et de changements climatiques, qui sont des outils chez nous [au ministère de l’Environnement], et il y en a aussi du côté du MAPAQ. On peut mettre ces outils en commun pour essayer de trouver des solutions. »

Pour le haut fonctionnaire, ce travail conjoint entre les deux ministères doit être perçu comme un signe encourageant que les producteurs agricoles ne seront pas laissés à eux-mêmes.