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Constatant que sa transmission allait depuis quelques années au-delà de la période migratoire au printemps, l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a développé dans les derniers mois deux tableaux infographiques mettant en relation la température ambiante et la durée de survie du virus de l’influenza aviaire (IA).
« Ce sont des outils pour orienter les producteurs vers une gestion du risque qui n’était plus seulement durant les périodes de migration, mais qui pouvait s’échelonner un petit peu plus longtemps parce qu’on a vu des cas d’influenza aviaire chez des élevages domestiques durant des périodes hors saison de migration, par exemple durant l’hiver ou l’été également », explique Manon Racicot, vétérinaire épidémiologiste principale à l’ACIA.
Le premier tableau montre un schéma représentant la durée de survie du virus dans le cas d’une température ambiante de 4 °C, tandis que le second fait le même exercice alors que le thermomètre affiche 20 °C.
Au printemps, par exemple, lors d’une température de 4 °C, le temps de survie de l’IA est d’environ 60 jours dans une fosse à fumier, dans les fèces d’oiseaux et sur les surfaces en métal. Le virus peut survivre pendant 72 jours sur le verre, 120 jours dans de la litière souillée et dans le sol, et 160 jours sur des plumes. La survie de l’influenza aviaire dans l’eau à température basse peut varier de 40 jours dans l’eau de mer à 4 °C à une année dans la glace à -20 °C.
En début d’été, avec une température ambiante de 20 °C, le temps de survie de l’IA est d’environ cinq heures sur la peau et un jour sur les tissus, c’est-à-dire les vêtements. Le virus pourrait survivre pendant trois jours dans la litière, comme la sciure de bois, ainsi que sur du plastique et du caoutchouc, notamment les bottes et d’autres types de chaussures. Le temps de survie de l’influenza aviaire est d’environ six jours sur du carton et sept jours dans les fèces. Le virus pourrait survivre pendant 15 jours sur des plumes et 18 jours dans le sol. L’influenza aviaire survit le plus longtemps dans l’eau, pouvant y rester pendant environ 21 jours.
Afin de rejoindre le maximum d’intervenants gravitant autour des fermes d’élevage, l’ACIA a innové en développant une version espagnole de ses deux tableaux. « En tant qu’agence fédérale, nous avons l’obligation de les produire en français et en anglais, mais comme on retrouve beaucoup d’employés d’origine hispanophone dans les fermes, nous trouvions important de pouvoir les offrir en espagnol. »
Inspections et recherches
Étant donné que le virus de l’IA est présentement hautement pathogène au niveau planétaire, l’ACIA travaille sur deux fronts, à savoir mener des enquêtes épidémiologiques dans les fermes infectées et développer des projets de recherche avec des universités.
« Pour chaque ferme infectée, il y a une enquête qui mesure plusieurs volets. On veut comprendre pourquoi le virus est rentré sur la ferme. On va questionner sur certaines pratiques de biosécurité, les activités qu’il y a eu dans les jours précédant l’infection. On veut aussi retracer les fermes qui auraient pu avoir un contact avec la ferme infectée », explique Manon Racicot.
Dans certains cas, cette enquête est suivie d’une visite à la ferme directement afin d’examiner plus en profondeur les procédures, les façons de fonctionner, l’intégrité des bâtiments.
« Je suis basée à Saint-Hyacinthe et j’ai personnellement visité plusieurs fermes. Ça m’a permis de faire des échanges très intéressants avec les producteurs parce qu’ils veulent évidemment comprendre ce qui s’est passé pour éviter que ça se répète dans le futur. »
Du côté de la recherche, l’ACIA mène des projets avec l’Université de Montréal pour comparer les pratiques dans les fermes infectées à celles des fermes qui n’ont pas été infectées, mais qui sont localisées dans le même environnement géographique.
« L’étude en cours pour le dindon va se terminer dans les prochaines semaines et cet été, un étudiant va entreprendre les analyses de la biosécurité dans les fermes de canards au Québec. Il y a aussi des projets similaires en Ontario et en Alberta et il y a des discussions en Colombie-Britannique pour en faire un aussi, car la province a été durement touchée dans les deux dernières années », conclut Manon Racicot.