Justifiant surtout sa décision par un surplus d’inventaire partout en Amérique du Nord, le transformateur Nortera réduira de 1 308 hectares ses superficies de pois cultivés au Québec en 2024 par rapport à l’an dernier, ce qui représente une baisse de 42 %. 

« À ma connaissance, c’est la première fois que ça arrive, de réduire comme ça l’acrage », réagit Stéphane Bisaillon, qui représente les producteurs de pois à la table de négociations avec le transformateur. 

« En plus, l’Ontario a été à peine touché. Moi, ce que je me demande, c’est pourquoi le Québec écope de la majorité de ces coupures-là? Pourquoi ce n’est pas réparti entre toutes les usines ? », ajoute le producteur de Saint-Jacques-le-Mineur, en Montérégie.

Daniel Vielfaure, qui était président-directeur général de Nortera jusqu’à tout récemment et qui se prépare pour la retraite, répond que les cinq usines en Amérique du Nord subissent des baisses dans un contexte où la consommation est au ralenti par rapport à l’offre sur les marchés. Si les récoltes de pois ont été mauvaises en 2023, au Québec, en raison des excès d’eau et de chaleur, elles ont été plutôt bonnes ailleurs sur le continent, dit-il. 

La décision de réduire davantage les superficies à un endroit par rapport à un autre découle d’un calcul complexe des besoins qui se base sur plusieurs facteurs, notamment le coût de production, ajoute M. Vielfaure.

Produire au Québec, par exemple, peut coûter plus cher qu’ailleurs en Amérique du Nord, compte tenu des rendements historiquement moins bons, en raison du climat moins ­propice à la culture de pois. 

Dans les haricots, les superficies produites pour Nortera seront réduites de 44 % au Québec, passant de 866 hectares en 2023 à 489 hectares en 2024. Du côté du maïs sucré, 2 812 hectares seront cultivés cette saison, alors que la superficie s’élevait à 3 164 hectares l’an dernier, pour une diminution de l’ordre de 11 %.

Des baisses de prix 

Le prix payé aux producteurs de pois, de haricots et de maïs sucré du Québec pour le transformateur Nortera subira aussi une baisse en 2024, selon des ententes conclues récemment entre les parties. Pour les pois, un prix de 493 $/tonne courte (tc) a été négocié, soit 17 % de moins que l’an dernier. Le haricot vert régulier vaudra, quant à lui, 268 $/tc, ce qui représente une réduction de 13 %. Les parties se sont par ailleurs entendues pour un prix de 143,50 $/tc dans le maïs sucré, en baisse de 18 %.

Ces diminutions s’expliquent entre autres par des surplus d’inventaire, mais aussi par la valeur des grains qui est en décroissance et qui influence le prix des légumes de transformation. Dans les dernières années, les producteurs de pois, de haricots et de maïs sucré avaient obtenu des prix records, car Nortera voulait les encourager à maintenir leurs superficies de légumes, plutôt que de se tourner vers les grandes cultures, qui étaient payantes.