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DRUMMONDVILLE – Les producteurs de grains du Québec appréhendent l’obligation, d’ici le 1er janvier 2025, de répondre à de nouvelles exigences du ministère de l’Environnement pour l’usage de pesticides. Ils dénoncent le court délai pour s’adapter et le manque d’information et de soutien pour se préparer.
« L’arrivée d’une nouvelle édition d’un omnibus réglementaire nous a fait sortir de nos gonds […] dans la façon que ç’a été apporté. Se faire imposer ça sans discussion […] je pense que ça a été reçu comme une forte impolitesse de la part des producteurs et des productrices », s’est indigné le président des Producteurs de grains du Québec (PGQ), Christian Overbeek, en assemblée générale annuelle, à Drummondville, les 21 et 22 mars.
L’omnibus réglementaire 2023 du ministère de l’Environnement, adopté l’an dernier, impose progressivement une vingtaine de nouvelles mesures encadrant l’usage de pesticides. Certaines d’entre elles, qui devront être appliquées à compter de janvier 2025, irritent particulièrement les producteurs. Ils auront, par exemple, l’obligation de faire justifier par un agronome la mise en terre de semences enrobées de tout insecticide, et non plus seulement d’un néonicotinoïde. Un permis sera aussi requis pour les semer.
« Quelle que soit la molécule d’insecticide qui enrobe ta semence, ça va demander une prescription d’un agronome, qui, lui, aura des gestes à poser pour étoffer sa prescription dans les années d’avant », affirme le président en entrevue, anticipant des lourdeurs administratives additionnelles et des frais importants pour le recours aux services-conseils.
Reconnaissance de compétences
Plusieurs producteurs s’indignent aussi du fait que l’omnibus réglementaire, selon eux, constitue un pas de recul quant à la reconnaissance de leurs compétences de professionnels de l’agriculture.
« Mon bureau est tapissé de diplômes qui ne servent absolument à rien et pour semer, ça me prend un agronome. […] Ça n’a aucun bon sens! Ça fait 50 ans que je fais de l’agriculture et ce n’est pas reconnu encore, toutes les connaissances que j’ai acquises! » s’est insurgé Yvon Boucher au micro.
Devant le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, qui s’est présenté à l’assemblée, un autre producteur, Germain Chabot, a mis de l’avant un argumentaire similaire. « Je sens qu’ils vont nous enlever la gestion de nos entreprises et qu’on n’aura plus les prises de décision chez nous. […] On est des professionnels et j’aimerais que mon ministre de l’Agriculture, avec notre fédération, travaille à ce qu’on conserve ce droit-là et qu’on soit reconnus comme professionnels. Je n’ai pas besoin qu’un autre professionnel vienne dans ma cour pour placer la machinerie! »
André Lamontagne a fait valoir les efforts qu’il déployait justement pour sensibiliser ses collègues des autres ministères à ces enjeux. Un sous-ministre adjoint a d’ailleurs été nommé à l’Environnement, l’an passé, dit-il, pour s’occuper du secteur agricole. « L’une des choses qui ont été nommées à cette personne-là, qui va sur le terrain, c’est exactement ce dont vous parlez : votre autonomie et votre capacité à poser des gestions, a affirmé le ministre. Ce que je peux vous dire, c’est que la représentation que vous faites, c’est la même représentation que je fais. »
Invitation à se mobiliser
Une résolution a été adoptée par l’assemblée demandant la suspension de l’application du nouveau cadre réglementaire, tant que ce dernier ne s’appuiera pas « sur une vraie stratégie concertée de déploiement des pratiques agroenvironnementales ».
Pour ajouter du poids à la résolution et pour que les enjeux des producteurs de grains soient mis de l’avant, la productrice Ange-Marie Delforge a sollicité la participation en grand nombre de ses confrères aux manifestations déployées dans les régions du Québec actuellement.
Trois marches organisées par des syndicats locaux de l’Union des producteurs agricoles, en Montérégie, auront lieu les 5, 10 et 12 avril. « Si on se mobilise, il ne faut pas juste être 30-35 tracteurs aux manifestations. Si on le fait, on le fait comme il faut », a-t-elle lancé au micro, en clôture d’assemblée, sous les applaudissements des délégués.
De meilleures pratiques financées par la tarification carbone
Interpelé concernant la tarification carbone au Québec, qui représente des coûts importants pour les producteurs, le ministre André Lamontagne a assuré qu’il militait auprès de son homologue à l’Environnement pour qu’une partie « appréciable » des contributions des agriculteurs au Fonds d’électrification et de changements climatiques leur soit retournée pour les accompagner dans l’amélioration de leurs pratiques en agroenvironnement.