Actualités 10 octobre 2014

La Haute-Mauricie adopte la camerise

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Une filière d’exploitation de la camerise est en plein développement dans le secteur de La Tuque en Haute-Mauricie avec la plantation ces dernières années de plus de 10 000 arbustes par 3 producteurs des environs.

Ces agriculteurs mauriciens contribuent à l’essor de la camerise au Québec dont le nombre de plants en terre est passé de 2 000 à 200 000 entre 2007 et 2013. « Je me suis laissé tenter par l’expérience », raconte Gilles Ricard, du secteur La Croche à La Tuque. Depuis 2 ans, il a donc mis en terre plus de 5 000 camérisiers. Il en aura 6 000 une fois les travaux finalisés l’an prochain.

De prime abord, rien ne destinait ce soudeur industriel retraité à démarrer cette production. « J’ai assisté à une rencontre d’information qui m’a persuadé de me lancer dans cette voie », explique-t-il. Il faut dire qu’il disposait d’une bonne superficie de terre léguée par son père agriculteur, et maintenant à l’abandon ou exploitée par ses voisins. Il ne lui restait qu’à profiter du coup de pouce financier du pacte rural pour y entamer sa production avec ses deux fils Daniel et Martin, partenaires dans la Ferme GDM Ricard SENC.

Ensemble, ils participent donc au projet pilote de développement de la camerise qui a nécessité des investissements de 86 000 $, dont 65 000 $ proviennent du pacte rural. L’implication des agriculteurs eux-mêmes et du Syndicat des producteurs de bois de la région de la Mauricie consistait en l’aménagement des terres et l’achat de machinerie.

« C’est une expérience qui valait la peine d’être tentée, surtout avec l’aide qui nous était consentie », avoue Michel Kroft, qui a planté 3 000 camérisiers sur sa propriété du secteur Lac-à-Beauce. Il se réjouit également de la création d’une coopérative avec M. Ricard ainsi que Laurent Saint-Laurent et sa conjointe Francine Beaupré, les autres producteurs de camerises de la Haute-Mauricie. « On va gérer ensemble notre production, ce qui devrait nous faciliter les choses. »

La coopérative pourrait notamment faire l’achat de machinerie, par exemple une récolteuse, parce que les expériences menées ces dernières années démontrent bien la nécessité d’une mécanisation de la récolte. La coopérative de solidarité Cultur’innov a d’ailleurs déposé récemment un rapport d’analyse des besoins des agriculteurs et des performances des récolteuses. Les producteurs de La Tuque misent sur un modèle présentement en développement dans une petite entreprise du Centre-du-Québec. « On va sans doute faire notre première récolte manuellement », croit M. Ricard.

L’agriculteur du secteur La Croche a été surpris de récolter quelques livres de petits fruits cette année. L’an prochain, sa plantation devrait produire à 20 % de sa capacité. Puisque le rendement moyen est de 1,5 kg de fruits par plant, la récolte à La Croche pourrait atteindre 9 000 kg. « Je demeure réaliste et mise sur un rendement d’un kilo par plant », mentionne M. Ricard.

La récolte des trois producteurs devrait alors prendre le chemin de l’usine de congélation de Saint-Bruno au Lac-Saint-Jean. « Cette fois, c’est un avantage d’être dans un secteur éloigné de la Mauricie parce qu’on se retrouve maintenant plus près du Lac-Saint-Jean », précise M. Ricard avec un sourire au coin des lèvres.