Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
« Tu passes pas! » Voilà ce que répétait Samuel Gogniat, agriculteur du Saguenay, dans sa vidéo humoristique devenue virale, en juin dernier. Le message s’adressait aux conducteurs de motos et véhicules tout-terrain (VTT) qui causent, depuis des années, des dommages aux champs de bleuets de l’entreprise familiale, la Ferme Tournesol, et ce, malgré l’installation de blocs de béton, l’aménagement d’immenses tranchées et la pose d’affiches. Si la vidéo a été vue plus de 180 000 fois et lui a valu d’être interviewé par de nombreux médias, elle n’a pas tout réglé. Il y a toujours des indésirables. « Ç’a baissé un peu cet été, mais on a encore des motoneiges cet hiver », déplore-t-il.
Or, voilà qu’un nouveau programme viendra certainement donner un coup de pouce aux agriculteurs qui subissent des dommages causés par les véhicules hors route. Depuis le 30 janvier, ils peuvent être dédommagés via le Programme de compensation et de prévention des préjudices aux terres agricoles attribuables aux véhicules hors route du ministère des Transports et de la Mobilité durable, qui fait suite à des années de représentation de l’Union des producteurs agricoles (UPA), qui a notamment déposé un mémoire sur le sujet en 2020.
Les agriculteurs peuvent désormais réclamer une compensation pour les pertes de cultures ou de bovins – rappelons que certaines bêtes meurent après avoir ingéré des morceaux de cannettes déchiquetées – ou encore, pour les bris d’infrastructures, jusqu’à concurrence de 25 000 $ par an. Samuel Gogniat salue la nouvelle. « On a perdu beaucoup de plants de bleuets, et nous, on ne peut pas semer de nouveau comme pour la luzerne », explique-t-il.
Le volet « prévention des préjudices » par l’aménagement d’infrastructures, offre, quant à lui, une compensation à 80 % sur un montant pouvant aller jusqu’à 50 000 $. Samuel Gogniat, qui a notamment acheté une trentaine de blocs de béton, à 200 $ chacun, compte voir s’il peut s’en prévaloir. « En plus, il faut installer les blocs chaque printemps et les retirer avant l’hiver. Il faut aussi refaire les tranchées, mentionne-t-il. Chaque année, on met environ une semaine de travail au total. »
Le programme permettra notamment à des clubs de VTT et autres véhicules motorisés d’améliorer eux aussi l’aménagement des sentiers, afin que les utilisateurs s’y tiennent. Samuel Gogniat compte d’ailleurs contacter encore une fois les responsables du club de quad local pour demander leur collaboration. « Quand je les avais appelés, ils m’avaient dit qu’ils ne pourraient rien faire, que ça coûtait des sous », dit-il.
Quant au volet sensibilisation, l’UPA envisage différents scénarios. « Dans les prochains mois, on va organiser une rencontre entre les présidents régionaux [de l’UPA] et la Fédération des clubs de motoneigistes du Québec et aussi avec les autres associations pour voir quelles actions peuvent être entreprises, explique le président, Martin Caron. Ce pourrait être des opérations menées par nos fédérations régionales, mais on n’exclut pas une campagne globale. » Samuel Gogniat salue la perspective : « Si je suis arrivé à faire quelque chose tout seul avec ma petite vidéo, je ne peux pas croire qu’en se mettant ensemble, on n’aura pas un impact. »
Le programme du ministère des Transports prévoit un budget de 5 M$ pour une période de cinq ans.