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Les journées-conférences Unconventional Ag, portant sur l’agriculture non conventionnelle comme le biologique et l’agriculture régénératrice, se sont tenues en décembre dernier, à Dallas. Outre le portrait de l’agriculture biologique aux États-Unis, présenté dans la Chronique des marchés de La Terre de chez nous du 17 janvier dernier, voici un résumé des autres sujets intéressants qui ont été abordés.
Protéines végétales
La catégorie des protéines végétales a déjà connu des taux de croissance phénoménaux lors de l’arrivée des imitations de viande dans les grandes chaînes de restauration rapide, mais ceux-ci se sont apaisés depuis. Selon Jacob Golbitz, directeur général d’Agromeris, ce segment de marché doit en outre relever deux principaux défis à court terme pour assurer son avenir.
En premier lieu, M. Golbitz a évoqué que les prix devront diminuer. En 2023, le prix des imitations de viande hachée de Beyond Meat et d’Impossible Burger, notamment, était environ le double de celui de la viande animale. Good Food Institute, une organisation à but non lucratif qui promeut notamment des alternatives végétales et cultivées aux produits d’origine animale, estime que cet écart de prix pourrait se résorber grâce à des économies d’échelle. Pour réaliser celles-ci, l’organisation suggère d’optimiser les frais fixes élevés, par exemple en faisant fonctionner plus longtemps des équipements dispendieux, et de profiter du volume de commercialisation pour mieux négocier les frais dans le reste de la chaîne d’approvisionnement, notamment du côté de la logistique, de la distribution et du commerce au détail.
En deuxième lieu, toujours selon M. Golbitz, les entreprises qui produisent les imitations de viande devront améliorer les qualités nutritionnelles de ces dernières. En effet, ces aliments subissent des transformations importantes et se caractérisent souvent par de faibles valeurs nutritionnelles et une forte teneur en ingrédients plus nocifs comme le sucre raffiné, le sel et les matières grasses.
Néanmoins, les perspectives du marché des protéines végétales semblent réjouissantes, car elles ont un excellent potentiel pour réduire les émissions de CO2 par dollar investi comparativement à d’autres industries. De grandes firmes d’investissement estiment que ce marché pourrait valoir de 100 G$ US à 370 G$ US en 2035.
Diesel renouvelable
Une autre conférence d’intérêt présentée au Unconventional Ag par David Ripplinger, professeur associé à la North Dakota State University, portait sur le diesel renouvelable. Le diesel renouvelable est un carburant produit grâce à des matières grasses, qu’elles soient d’origine animale ou végétale, et ses principaux avantages sont qu’il peut remplacer complètement le diesel pétrochimique – contrairement à l’éthanol ou au biodiesel, qui nécessitent d’être mélangés à l’essence conventionnelle – et qu’il permet de réduire les gaz à effet de serre.
La Californie mène actuellement une transition vers le diesel renouvelable et en 2022, les ventes de ce carburant ont dépassé celles du diesel pétrochimique. De plus, aux États-Unis, la consommation de diesel renouvelable a surpassé celle de biodiesel en 2022. L’huile de cuisson usagée et la graisse animale peuvent être utilisées dans la fabrication du diesel renouvelable, mais cette option est insuffisante pour répondre à la demande américaine, ce qui devrait entraîner une croissance de la demande pour les huiles végétales. Plus concrètement, une seule usine dans le sud de la Californie, par exemple, aurait une capacité de production de 568 millions de litres de diesel renouvelable, ce qui nécessiterait en théorie 29,7 millions de tonnes de soya, soit le quart de la production américaine de 2023. D’ailleurs, le soya est la culture favorisée pour la production de diesel renouvelable. De 2022 à 2023, l’utilisation de l’huile de soya pour la production de biocarburant représentait plus de la moitié de l’ensemble des huiles utilisées, comme celles de maïs et de canola.
La production de diesel renouvelable pourrait changer le portrait de l’agriculture aux États-Unis. Premièrement, le développement du soya risque de passer par le développement de variétés à haute teneur en acide oléique, c’est-à-dire de variétés à identité préservée (IP). Le soya contient présentement peu d’huile par rapport aux autres graines oléagineuses, puisqu’il était d’abord recherché pour son tourteau pour l’alimentation des animaux d’élevage : son contenu en huile est actuellement de 18 à 21 %, contre 33 à 42 % pour le canola et 58 à 60 % pour la caméline. Or, étant donné que le soya est la plus importante culture oléagineuse semée aux États-Unis, une hausse substantielle de sa teneur en huile grâce au développement variétal pourrait apporter de grandes quantités d’huile sur le marché. Deuxièmement, la production de diesel renouvelable pourrait cibler l’agriculture régénératrice. En effet, la production de diesel renouvelable dépend de l’intervention de l’État et les subventions sont tributaires d’une faible empreinte carbone. Par conséquent, l’industrie du diesel renouvelable serait théoriquement prête à payer les producteurs pour qu’ils adoptent des pratiques agroenvironnementales plus écologiques comme l’agriculture régénératrice afin de garantir l’accès à ces crédits.