Une anomalie dans le paysage agricole : un producteur de la Montérégie a commencé ses semis de trèfle rouge le 16 février dans… 15 cm de neige! « Certains n’y croyaient pas, mais tout a bien été. Il suffisait d’avoir du courage », résume Gotthard Neeser, un producteur laitier de Saint-Alexandre, en Montérégie. Ce dernier avait déjà semé du seigle au début de l’automne, lequel avait bien levé, et il désirait semer en intercalaire du trèfle rouge qui agira comme engrais vert après la récolte du seigle à la mi-juillet. L’objectif consiste donc à semer le trèfle plus tard afin qu’il ne fasse pas concurrence au seigle. Mais l’agriculteur d’origine allemande ne voulait pas semer le trèfle au printemps, car il aurait écrasé une partie des plants de seigle avec son équipement. Sans compter que le printemps est déjà assez chargé pour lui à son exploitation laitière d’une soixantaine de vaches en lactation.

Un essai

Avec une mince couche de neige et un sol bien gelé qui supportait son tracteur, M. Neeser s’est mis à l’œuvre. « C’était la première fois avec le semoir en hiver. C’était facile de naviguer. Je voyais bien mes traces dans la neige. J’ai légèrement diminué ma vitesse comparativement au printemps, car les tubes du semoir étaient plus rigides en raison du froid », explique-t-il.

Il sait que certains producteurs utilisent un véhicule tout-terrain muni d’un dispositif de semis à la volée, mais il ne possède pas un tel équipement. Selon lui, les épandeurs traditionnels à la volée manquent de précision, d’où l’utilisation de son bon vieux semoir.

À noter qu’il n’a pas inséré les graines dans la terre, mais les a déposées en surface du sol gelé, un peu comme un semis par vasage l’été. Les semences qu’il a ainsi mises dans la neige seront retenues en place par la coiffe des plants de seigle, évitant l’effet de lessivage.

Les prochains jours de temps doux, de gel et de dégel créeront un contact entre le trèfle et la terre, une stratégie qui devrait ensuite générer une bonne émergence, espère M. Neeser. Le trèfle poussera tranquillement à l’ombre du seigle en début d’été et prendra ensuite tout le terrain après la récolte. « C’est un essai. On verra les résultats, mais mon agronome est confiante », dit le producteur.