Environnement 16 février 2024

Poussée de croissance pour les ALUS au Québec

Après son arrivée en Montérégie en 2016, l’organisme ALUS, qui soutient les projets de biodiversité soumis par des agriculteurs, s’est étendu en Outaouais (2021), dans Chaudière-Appalaches (2022), puis finalement à Laval, à Montréal et dans les Laurentides (2023). Inaugurée officiellement à l’automne, la section Laurentides a démarré sur les chapeaux de roues. 

Maria José Maezo

Pour l’année 2023, 15 projets ont été réalisés en Outaouais et 7 dans les Laurentides. « Ç’a quasiment décollé trop vite! » s’exclame Maria José Maezo, conseillère en agroenvironnement et coordonnatrice du programme ALUS à la Fédération de l’UPA Outaouais-Laurentides.

Ce sont les syndicats locaux de l’UPA qui ont demandé à ce que l’organisme ALUS (pour Alternative Land Use Services) soit présent dans leur région. Grâce au financement de grandes entreprises à l’échelle canadiennes, comme Weston, A&W, General Mills et la Banque TD, ALUS distribue près de 12 M$ dans le pays, et à ce montant s’ajoutent des sommes récoltées localement, auprès des entreprises privées, des organisations environnementales et des programmes gouvernementaux locaux. L’argent est versé aux agriculteurs pour des projets d’implantation de bandes riveraines, de haies brise-vent, de fauche de cultures retardées, de rétablissement de zones humides ou, parfois, de rotation de pâturages. 

La popularité d’ALUS est due, selon le président d’ALUS Canada, Bryan Gilvesy, au mode de fonctionnement de l’organisme. Car en plus d’être accompagnés dans le développement de leur projet par des employés de l’UPA attitrés aux ALUS, les agriculteurs reçoivent, si leur projet est retenu par leur comité régional, une somme pour l’implantation, de même qu’un montant récurrent pour le maintien du projet. 

En effet, précise M. Gilvesy, l’idée est de compenser les lacunes du présent système. « Le marché actuel donne aux agriculteurs seulement un prix pour le produit qu’ils vendent, explique-t-il. Nous, nous compensons pour la restauration de la nature, pour les services qu’elle nous rend et qui sont irremplaçables. » Maria José Maezo abonde dans le même sens : « L’une de nos lignes, c’est de cultiver la nature, précise-t-elle. Les agriculteurs ne vont pas se mettre riches avec ça, mais ça compense pour leur perte. »  

Outre le soutien technique et financier, la conseillère explique l’attrait du programme ALUS par le fait que les agriculteurs ne craignent pas d’être mis à l’amende pour des questions environnementales.

On travaille aussi avec toute sorte d’agriculteurs, fait-elle valoir, pas juste des gens qui sont dans la transition écologique, mais aussi des agriculteurs dans le conventionnel.

Maria José Maezo
Bryan Gilvesy

Les agriculteurs participent par ailleurs à des comités régionaux. « Et ce sont eux qui décident des projets à implanter en fonction des priorités de la région », mentionne Bryan Gilvesy.

Prochaines destinations : l’Estrie et Lanaudière, dont les demandes pour des comités régionaux ont déjà été soumises. « Il leur reste à aller chercher des contributeurs régionaux pour avoir l’aval d’ALUS », explique Maria José Maezo.

Premier pas aux États-Unis

Déployé pour la première fois en Ontario en 2004, ALUS vient de mettre un pied aux États-Unis. Un comité vient d’être créé en Iowa et un autre suivra en Ohio, dans les prochains mois.