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L’automne dernier, le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a tenu des consultations publiques sur le Plan Nature 2030 pour connaître le point de vue de spécialistes de l’environnement, de l’agriculture, des forêts et d’autres domaines d’intérêt.
La mise en vigueur de ce plan, prévue pour le printemps 2024, est la réponse du gouvernement du Québec pour atteindre les cibles du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming à Montréal, notamment l’objectif de conservation de 30 % du territoire d’ici 2030.
S’articulant autour de 4 axes et de 14 cibles, il propose des mesures pour préserver les milieux naturels, appuyer les initiatives autochtones de conservation et mettre en place différentes actions pour protéger la biodiversité, tout en favorisant un accès à la nature.
Au total, le plan bénéficie d’un investissement de 650 M$ sur sept ans, dont un premier budget de 443,4 M$ destiné, entre autres, à des initiatives de conservation, dont la création d’aires protégées, pour les cinq prochaines années.
Une mission de conservation
C’est ainsi qu’en novembre dernier, le gouvernement du Québec a annoncé l’octroi d’une somme de 144,1 M$ à Conservation de la nature Canada (CNC). Grâce à cet investissement, CNC pourra pleinement prendre part au Plan Nature, s’enthousiasme Cynthia Patry, chargée de projet senior chez CNC.
« Ces sommes vont permettre de créer de nouvelles aires protégées en terrains privés, de participer à des projets scientifiques, de faire des suivis d’espèces et de s’assurer que notre réseau d’aires protégées fonctionne bien. Elles vont aussi nous aider à mettre en place des initiatives pour motiver les propriétaires à garder la vocation forestière de leur propriété, et non à s’en départir, ce qui créerait une fragmentation et un changement d’usage de la propriété […]. »
Organisme privé financé par des subventions gouvernementales et des dons privés de fondations et d’individus, ainsi que par des dons de terrain ou de valeur de terrain, CNC participe au maintien de la biodiversité, principalement par la protection de terrains en terres privées.
Parmi ses actions, CNC est à l’origine de l’Initiative québécoise Corridors écologiques (IQCÉ) visant à accélérer la conservation de milieux naturels connectés par des corridors écologiques. Une boîte à outils est d’ailleurs spécialement destinée aux acteurs forestiers en terres privées pour qu’ils puissent intégrer les éléments écologiques sensibles, dont la connectivité, dans la planification des aménagements forestiers.
Pour CNC, le monde forestier fait déjà partie de la solution en ce qui concerne la protection de la biodiversité, « parce que les propriétaires font de la conservation sans nécessairement utiliser ce terme-là, souligne Cynthia Patry. Ils vont aménager la forêt, mais sans jamais changer l’utilisation de la forêt, même si, de façon ponctuelle, il y a des coupes. La forêt va repousser. On considère que, globalement, le secteur forestier maintient le couvert forestier de grands corridors qui permettent le déplacement des espèces ».
« L’objectif, précise la chargée de projet, c’est vraiment de valoriser les propriétaires de nos boisés pour qu’ils comprennent qu’ils font partie de la conservation déjà, puis de les amener à réfléchir aux décisions qu’ils prennent sur leur boisé pour maintenir la connectivité et les espèces. Donc, ce sont des alliés. »
Des demandes et des besoins
Pour les PPAQ, qui représentent les intérêts de 13 300 acériculteurs, la principale demande à l’égard du gouvernement du Québec, « c’est d’abord d’être considéré comme une partie intégrante de la solution et comme un partenaire dans l’atteinte des objectifs gouvernementaux de protéger 30 % du territoire du sud du Québec », déclare Simon Doré-Ouellet, directeur général adjoint des PPAQ.
« L’acériculture, ajoute-t-il, c’est une utilisation durable du territoire qui protège le couvert forestier et qui génère des biens et services écologiques qui protègent la biodiversité. »
Une autre demande des PPAQ est la création d’aires protégées de catégories 5 et 6.
« La catégorie 5, ce sont des aires protégées dans lesquelles on reconnaît des paysages humanisés comme des érablières avec leurs magnifiques couleurs à l’automne, puis des activités du temps des sucres qui y sont associées. La catégorie 6, ce sont des territoires dans lesquels on peut faire des activités économiques durables, comme l’acériculture. On souhaite que soit mis en place en forêt publique ce type d’aires à protéger dans lequel l’acériculture pourra être réalisée, parce que pour nous, ces activités sont hautement conciliables avec la protection de la biodiversité », soutient M. Doré-Ouellet.
L’une des préoccupations des PPAQ « est de travailler sur des solutions qui ne vont pas mener à un alourdissement du fardeau opérationnel, financier et réglementaire pour les producteurs », souligne M. Doré-Ouellet.
Pour la FPFQ, qui travaille à la promotion des intérêts de 134 000 propriétaires forestiers, « il faut que le gouvernement du Québec prenne en compte les besoins et les préoccupations des propriétaires de boisés dans son futur Plan Nature », souligne Marc-André Rhéaume, son directeur général adjoint.
Ainsi, si le gouvernement du Québec désire s’allier les propriétaires forestiers, il doit les considérer comme des acteurs incontournables dans la préservation et l’utilisation durable du territoire aux fins de conservation de la biodiversité au Québec.
En ce qui a trait aux besoins, le développement d’une servitude forestière pour améliorer la connectivité et l’efficacité du réseau d’aires protégées serait souhaitable, accompagné d’une indemnisation financière pour les propriétaires forestiers.
« Tous les propriétaires s’engageraient à protéger certains éléments de la biodiversité sur leurs terres, mais tout en permettant, par exemple, de continuer d’aménager leur plantation. Certains secteurs seraient dédiés à la production de bois, puis d’autres à la protection de la biodiversité. […] Les propriétaires pourraient s’engager, avec une servitude pour gérer leur terre, sur au moins 25 ans et peut-être plus, et que ce soit reconnu par le gouvernement comme un outil pour le 30 % d’aires protégées et d’aires sous aménagement durable », explique M. Rhéaume.
« Les propriétaires forestiers ont de l’intérêt pour la protection de la biodiversité. Il s’agit juste de leur donner les outils et les accompagnements nécessaires », conclut M. Rhéaume.