Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
En plus de diminuer la productivité, le stress thermique est susceptible de causer des problèmes de reproduction tels que la réduction de la qualité du sperme et un poids moins élevé à la naissance. Il peut aussi compromettre le système immunitaire et favoriser d’éventuelles boiteries chez les animaux.
Voilà des raisons supplémentaires de s’en préoccuper! « Si, dans nos troupeaux, le plus important est d’éviter le stress thermique, la meilleure façon de le faire est d’améliorer la ventilation dans l’étable. La plupart des producteurs possèdent déjà ce qu’il faut, mais ils doivent utiliser l’équipement correctement pour s’assurer d’un bon changement d’air l’été », insiste l’agronome et professeure Véronique Ouellet.
À la Ferme John Houley & Fils ltée située à Saint-Sylvestre, en Chaudière-Appalaches, où des bouvillons sont engraissés, des ventilateurs de 24 pieds ont été installés au plafond des bâtiments l’an dernier. « J’ai quand même des bâtisses assez récentes avec un toit qui donne de l’ombrage, mais les gros ventilateurs, combinés aux prises d’air de six pieds de haut au mur, sur les côtés, sont venus aider beaucoup », témoigne David Houley. La chercheuse confirme que les ventilateurs de recirculation, qui prennent l’air de l’étable pour l’acheminer plus rapidement vers les animaux, représentent un moyen efficace de les refroidir. « Oui, il faut qu’il y en ait, mais le bon nombre, avec le bon espacement et la bonne orientation vers les bovins. Aussi, on doit être en mesure d’identifier ses problèmes et avoir des pistes de solution pour les régler », dit-elle.
Gare à la brumisation
Étable froide ou chauffée? La spécialiste répond que différents types de ventilation vont créer des environnements thermiques qui varient. Y en a-t-il un à privilégier? Encore une fois, elle insiste : « Je crois que chaque système a été conçu pour bien fonctionner s’il est utilisé adéquatement », déclare-t-elle. Au passage, elle sert une mise en garde à l’égard de la brumisation, qui doit être réservée aux climats secs.
Le Québec se caractérise pour sa part par un climat continental humide. L’air des étables est déjà chargé d’eau. En y introduisant encore de l’humidité, on risque d’augmenter la sensation de chaleur pour les vaches. La ventilation reste donc au cœur de la stratégie de prévention du stress thermique, à laquelle on intègre bien entendu la consommation d’eau, en prévoyant les pointes tout juste après la traite.
De l’ombre au pâturage
Au pâturage, on doit pouvoir offrir de l’ombre au troupeau, mais l’objectif n’est pas si simple à atteindre puisqu’il faut énormément de superficie pour que chaque bête puisse en profiter tout en évitant le phénomène de regroupement. Ici également, l’eau est une alliée, mais la source doit se trouver à proximité de la zone d’ombre; il n’est évidemment pas souhaitable que l’animal ait à choisir entre l’eau et l’ombre.
À Pont-Rouge, la ferme À l’Herbe! Bouvillons de pâturage utilise deux ombrières mobiles faites maison qui peuvent être déplacées à l’aide d’un VTT quand l’indice de stress thermique est élevé. Une vieille remorque et un épandeur à fumier hors d’usage ont ainsi été récupérés pour servir de base aux installations. Seule la toile de pépinière a été achetée, ce qui a permis de réaliser d’appréciables économies.
« Nous avons tout construit nous-mêmes! lance la copropriétaire de l’exploitation, Dominique Dumas. Autrement, nous utilisons les prévisions météo, notre ressenti et une application que j’ai installée sur mon téléphone et qui s’appelle ThermoTool pour évaluer le degré de confort des bovins. Un animal qui n’est pas bien prend moins de gain, donne une viande de moins bonne qualité, ce qui affecte la rentabilité. »
Reconnaître les signes de stress chez le bovin
Selon la professeure Ouellet, plusieurs signes de stress thermique peuvent être observés et mesurés chez le bovin. Parmi eux, elle relève entre autres :
- Une chute de performance : le lait va contenir moins de gras et moins de protéines.
- Des animaux qui mangent moins; il restera plus de rations dans les mangeoires.
- Des vaches qui respirent plus vite puisque la respiration aide à dissiper la chaleur.
- Des animaux qui demeurent davantage debout, car en position couchée, moins de surface est exposée à l’environnement pour évacuer la chaleur.
L’été, à l’extérieur, les animaux vont avoir tendance à se regrouper à l’ombre, si celle-ci est disponible, ou autour d’un point d’eau. Dans les étables à stabulation libre, les vaches vont aussi se rassembler, habituellement à proximité d’un courant d’air. Ce comportement est cependant contre-productif en raison de la chaleur générée par la concentration des bêtes. - Une modification des comportements alimentaires. Les vaches en lactation vont manger plus souvent, mais consommer de plus petits repas. Techniquement, elles vont également être portées à aller s’alimenter plus souvent la nuit, lorsque la température est plus fraîche dans l’étable.
- De la sudation et une production accrue de salive.
- Une quantité accrue d’eau ingérée.
- Un manque de coordination et des tremblements.