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Pouvoir identifier de manière extrêmement précise les vaches qui sont malades en les géolocalisant en temps réel dans l’étable n’a rien d’un scénario de fiction pour un producteur de lait du Lac-Saint-Jean, qui est parmi les premiers utilisateurs québécois d’un système informatique utilisant l’intelligence artificielle pour l’aider à gérer son troupeau.
Pascal Gilbert, copropriétaire de la Ferme Benoît et Diane Gilbert et Fils, à Saint-Henri-de-Taillon, a choisi d’investir dans un tel système en novembre 2022, alors que cette technologie en était encore à ses balbutiements. « On avait déjà beaucoup d’informations avec le robot de traite, mais ce système permet vraiment d’aller plus loin, car on est capables de géolocaliser les vaches en temps réel. Ça, c’est une première. Ça permet de compiler les données sur le temps que la vache va à la mangeoire, dort, reste debout et son temps de rumination », donne-t-il en exemple.
En consultant son système chaque matin, il est en mesure de cibler de manière précise quelles vaches de son troupeau ont besoin de soins, lesquelles récupèrent moins bien après un vêlage ou sont prêtes à être inséminées.
Bien qu’il s’agisse d’un investissement important, il estime « que le système se paie tout seul » avec les gains en productivité et la meilleure santé de son troupeau.
Ses employés y gagnent aussi, puisque ceux qui ne sont pas familiers avec l’élevage peuvent repérer plus rapidement les vaches dans l’étable lorsqu’une intervention est nécessaire, indique M. Gilbert, qui ne retournerait plus en arrière. « Si on se compare à 1994, l’agriculture a évolué, et c’est pour le mieux. Moi, ce système me sert bien avec un troupeau de 300 vaches, alors j’imagine que dans les fermes de 5 000 vaches, comme on en trouve aux États-Unis, ça va être très utile. »
Une technologie encore récente
Marc Mimeault, agronome conseiller en gestion de troupeau chez De Laval, l’une des entreprises qui commercialisent depuis peu ce type de technologie, dénombre environ quatre producteurs au Québec qui l’utilisent. « L’année 2024 sera toutefois une année charnière vers une plus grande utilisation », espère-t-il, puisque le système, qui était en période de rodage depuis 2022, vient d’être lancé à grande échelle.
Il s’agit, selon l’agronome, d’une technologie qui permettra de maximiser les informations compilées par les anciens systèmes fonctionnant avec des algorithmes, comme les caméras d’état de chair. « Ces algorithmes, ça nous donne beaucoup d’infos, mais comment les interpréter? L’intelligence artificielle étudie le mouvement et dit : “Toutes les vaches qui font ça ont ça.” Elle peut trouver des patterns de maladies pour éventuellement être capable de cibler les vaches qui sont à risque avant qu’elles tombent malades. C’est vers ça qu’on s’en va, et ça devrait devenir encore plus efficace en 2024 », prédit-il. Il ajoute que le système peut même évoluer selon la particularité de chaque ferme, « parce qu’il peut apprendre par lui-même ».
Est-ce dire que l’intelligence artificielle pourrait un jour remplacer l’éleveur? « Non, je pense qu’il faut quand même être présent pour voir les vaches, rétorque l’agronome. Mais ce qui se passe, tant ici qu’ailleurs, comme aux États-Unis, c’est que les troupeaux grossissent. Est-ce qu’on a plus de monde pour s’occuper des vaches? Pas vraiment. »