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Il y aurait un énorme rattrapage à faire dans les élevages pour que ceux-ci soient au diapason avec les dernières recherches en matière de bien-être animal. « On est 10-15 ans d’avance dans les recherches par rapport à ce qui se fait sur le terrain », observe Nicolas Devillers, chercheur scientifique en comportement et bien-être du porc à Agriculture et Agroalimentaire Canada.
Selon lui, il serait important que les producteurs de porc se conforment minimalement aux nouvelles exigences du code d’ici 2029. Or, ce retard n’est pas nécessairement lié à de la mauvaise volonté du milieu, nuance-t-il, mais plutôt à ce qu’il nomme « l’inertie d’un investissement agricole ». « Quand on construit un bâtiment, il est bon pour 20 ou 25 ans. Si on a des informations comme quoi ce bâtiment n’a pas le meilleur système, eh bien, on ne va pas le foutre par terre pour en faire un autre; on va le rentabiliser. Ce qui fait que ça bouge très lentement », explique-t-il. À cela s’ajoutent les impératifs économiques qui viennent ralentir le processus, puisqu’en période de crise, les questions de bien-être animal redescendent dans la liste des priorités, souligne le chercheur.
Renforcement du lien porc-humain
Malgré tout, plusieurs choses peuvent être faites pour améliorer le bien-être animal sans recourir à des investissements majeurs, spécifie M. Devillers. Il donne en exemple le renforcement du lien porc-humain, qui demande toutefois un investissement en temps.
Parler doucement, adopter une attitude calme ou encore utiliser du renforcement positif, pour que l’animal associe l’humain à quelque chose d’agréable, en alimentant les animaux manuellement ou en les caressant et en les grattant de temps à autre, sont des trucs « classiques » qui peuvent améliorer ce lien, suggère-t-il. « C’est une approche qui donne des résultats à plus long terme, car plus les animaux ont des contacts réguliers positifs, plus ils se sentiront en confiance », mentionne le chercheur.
Ce renforcement pourrait avoir de nombreux avantages sur la santé et les performances, notamment sur celles des animaux qui restent longtemps dans les élevages comme les truies. « On peut aussi penser, même si ce n’est pas encore démontré, qu’une truie qui a peur d’un humain va transmettre cette peur à ses porcelets. Soigner sa relation pourrait donc avoir des avantages même sur les porcs en engraissement », avance-t-il.
La petite touche de plus
Dans la maternité porcine Porc Extra, gérée par le couple de producteurs William Lafond et Kim Loranger, dans Lanaudière, le temps passé dans la bâtisse joue un grand rôle dans la performance des truies, qui est parmi les plus élevées en Amérique, puisque le couple a remporté à deux reprises, en 2019 et en 2023, la Coupe Kenlis récompensant le nombre de porcelets sevrés par truie avec la génétique Hypor. « Nous, on aime vraiment le contact avec les animaux, et on soigne encore à la main les truies en lactation », donne en exemple M. Lafond. Celui-ci attribue aussi une grande partie du mérite à sa conjointe, Kim Loranger, laquelle, dit-il, a une approche particulièrement douce et minutieuse avec les truies et les porcelets. « Une fille avec les animaux, je trouve que c’est meilleur. Je sais que c’est super cliché, mais on dirait qu’elle est plus maternelle. Elle parle aux truies. Moi, je commence de plus en plus à le faire, parce qu’elle déteint sur moi, mais les employés, ce sont des gars, et ce n’est pas nécessairement eux qui vont parler aux truies comme on parle à un chien », observe-t-il.