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Proposer une nouvelle manière de récolter, de transformer, mais surtout, de mettre en marché du bois à l’échelle locale, voilà l’idée derrière la Coopérative Bois d’exception, en activité depuis six mois, en Estrie.
Celle-ci met en contact des propriétaires de terres à bois et les artisans du secteur de Frelighsburg. « Le modèle de circuit court permet d’éliminer les intermédiaires et assure une meilleure marge bénéficiaire pour tout le monde, explique l’agriculteur Pierre Jobin, qui est président de la coopérative. C’est inspiré du modèle des fermiers de famille en maraîchage qu’on retrouve beaucoup dans la région. »
L’idée de la coopérative a germé dans l’esprit de ce producteur d’agneaux, de pommes et d’ail, qui a étudié en agronomie. Sur sa terre, il a 85 acres (34 hectares) de forêt et 50 acres (20 hectares) en culture. « Je me suis établi ici en 2004 et, au départ, j’utilisais la pruche de ma forêt, que l’on sciait sur place, pour mes propres besoins, afin de rénover ma ferme, qui était en mauvais état, relate M. Jobin. Et les gens de la région ont commencé à m’en demander. La demande allait en grandissant et je n’en avais plus assez. L’idée d’une coopérative a ensuite fait son chemin petit à petit dans la communauté. Il faut dire que la région est constituée à 70 % de forêts, c’est une ressource importante ici. »
La Coopérative Bois d’exception met en contact les utilisateurs (artisans, ébénistes et menuisiers) membres de la coop à la recherche de bois d’exception avec les membres propriétaires de lopins forestiers. « Les artisans indiquent quelle essence de bois (pin blanc, érable à sucre, bouleau jaune, cerisier tardif, pruche ou noyer cendré) ils auront besoin pour leur production, avec quel type de coupe, et les propriétaires indiquent les arbres qu’ils comptent couper », explique Pierre Jobin.
Parfois, les clients des artisans font également partie de l’équation.
Séchoir à vacuum
Ce sont les propriétaires forestiers eux-mêmes (et non la coopérative) qui sont responsables de la coupe des arbres. En plus d’être intermédiaire dans la vente, la coopérative est responsable du séchage, ce qui se fait dans un séchoir à vacuum, un appareil qui permet de faire passer le temps de séchage, qui peut aller de trois ans, à seulement trois semaines.
« Ils sont très rares au Québec, dit Pierre Jobin. La contrepartie, c’est qu’il fait de petites quantités, mais c’est parfait pour nous. » En effet, la récolte va de 10 à 30 arbres par producteur. « Nos opérations sont à petite échelle, dit-il. Certaines années, il peut n’y avoir aucune récolte sur une terre. »
La coopérative comprend
38 membres, dont 6 artisans et 32 propriétaires de terres. Parmi ceux-ci, on compte environ 40 % d’agriculteurs (avec une portion de terre en forêt) et producteurs forestiers, et 60 % de villégiateurs ou néo-ruraux. L’arrivée massive de ces derniers sur les terres agricoles est d’ailleurs un enjeu dans la région.
« Pour ce qui de la culture, la solution est de louer aux agriculteurs, raconte M. Jobin. Mais la valorisation de leur forêt est la portion négligée et la coop permet d’y remédier. »
La coopérative valorise beaucoup l’éducation des citoyens quant à l’importance d’une saine gestion de la forêt, et au rôle de celle-ci pour assurer le bien-être des populations. « Il a été prouvé dans des études que la présence de forêts est directement liée à la santé des citoyens. », dit-il.
Le producteur souligne que les propriétaires terriens membres de la coop s’engagent à faire une gestion responsable de la forêt. « On vise à ce que nos membres respectent les meilleures pratiques », dit-il.
Tous les membres sont situés dans un rayon de 50 km, pour assurer l’esprit d’approvisionnement local, et il n’y a aucune visée d’expansion. « On veut rester petits, précise Pierre Jobin. Et si on peut inspirer d’autres régions à lancer un projet comme celui-là, ce sera tant mieux. »
Pour favoriser la captation du carbone
Concernant les enjeux climatiques, Pierre Jobin fait valoir que la récolte responsable du bois permet d’éviter que les arbres ne tombent et se dégradent et émettant ainsi du carbone. Elle permet donc de séquestrer ce dernier en le transformant en objet. « Aussi, en coupant certains arbres, ça permet aux plus petits de mieux pousser, et donc de capter du carbone », explique celui qui s’est toujours intéressé à la forêt et à la foresterie.