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« On était en route loin de la maison quand notre gars de 15 ans nous a appelés, en détresse, en disant que la grange brûlait. Quand j’ai voulu lui dire de ne pas mettre sa vie en péril et de ne pas y aller, la ligne téléphonique s’est coupée. On était impuissants sur la route, dans notre pick-up avec le trailer à cheval de piné en arrière », décrit l’agriculteur Jonathan Blais, de l’Estrie, qui a été victime d’un important brasier le dimanche 7 janvier. Ce dernier conseille aux producteurs de vérifier leur couverture d’assurance. M. Blais a perdu près de 100 000 $ en foin de commerce puisque sa récolte de 15 000 balles n’était pas assurée. Or, il aurait pu perdre bien pire, soit l’un de ses enfants. « Quand la ligne téléphonique s’est coupée, ma femme et moi, on était en état de choc. Je ne pouvais pas vraiment rouler plus vite, car les chemins étaient mauvais et il restait une bonne heure de route à faire. Alors on a essayé de se calmer et de faire des téléphones. On a appelé la famille et les voisins pour qu’ils aillent voir nos enfants. Mais mon beau-père, qui est arrivé sur les lieux, ne trouvait pas mon plus vieux. Finalement, il était près du bois, il attachait l’un des chevaux qu’il venait de sauver. Le héros du jour, c’est lui », décrit avec émotion M. Blais, père de six enfants. D’ailleurs, ceux-ci ont eu la frousse en voyant les flammes qui étaient à une soixantaine de mètres de la maison. « Quand on est arrivé, les enfants avaient tellement eu peur qu’ils ont fait leurs valises dans des sacs à poubelle », partage M. Blais.
Même si les installations électriques de sa grange avaient été refaites dans les règles de l’art, le producteur dresse l’hypothèse qu’un problème électrique soit à l’origine du sinistre. En plus du foin, le feu a détruit son tracteur de 150 chevaux, deux véhicules hors route et tout le bâtiment qu’il avait construit avec son père. Malheureusement, sa couverture d’assurance se révèle insuffisante.
Jonathan Blais conseille de vérifier les extincteurs, d’effectuer une tournée des installations électriques de la ferme et de se préparer une liste de contacts d’urgence advenant un sinistre.
La solidarité des gens qui sont venus prêter main forte, dont les pompiers de quatre villages, l’opérateur d’une pelle hydraulique et un électricien, en plein dimanche, lui ont fait chaud au cœur.
Se rappeler des protections… que l’on refuse
Le président de Groupe Estrie-Richelieu, Stéphane Bibeau, affirme que plusieurs agriculteurs n’ont pas la protection qu’ils croient pour leur entreprise. Il donne l’exemple des nombreux effondrements de bâtiments agricoles en 2019 dans la région de Lanaudière. « Plusieurs assurés n’étaient pas couverts et ils ne le savaient pas », rappelle M. Bibeau. « Parfois, les gens mettent l’odieux sur le travail du courtier : est-ce qu’il a bien expliqué les protections? Mais, des fois c’est de l’autre côté. Le courtier offre des protections, mais ils [les clients] refusent. » Stéphane Bibeau fait remarquer que la plupart des conversations téléphoniques sont enregistrées, ce qui permet aux compagnies d’assurances d’éviter les conflits en rappelant le choix de leurs clients. Les producteurs ne doivent pas hésiter à s’informer des exclusions dans leurs protections.
Le président du Groupe Estrie-Richelieu, spécialisé en milieu agricole, souligne l’importance, en cette période d’inflation, de revoir la valeur des protections. Une ferme qui est sous-assurée, par exemple, qui est protégée pour une valeur de reconstruction de 2 M$ alors que la réelle valeur de reconstruction est rendue à 3 M$, peut se mettre en mauvaise position financière advenant un sinistre.
Pas d’augmentation
Questionné par La Terre sur les augmentations des prix des couvertures d’assurance qui alimentent les discussions des agriculteurs depuis quelques années, M. Bibeau indique que son organisation n’augmentera pas sa tarification en 2024, tout comme elle ne l’a pas augmentée en 2023, spécifie-t-il. En huit ans, le prix des couvertures d’assurance a augmenté de 6 % seulement chez le Groupe Estrie-Richelieu, dit-il fièrement, précisant toutefois que la valeur de plusieurs fermes a tellement augmenté que les valeurs de protections se sont accrues, ce qui a fait grimper certaines protections.