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Les participants aux portes ouvertes à la Ferme Desnette Holstein, de Warwick, en octobre dernier, étaient aux premières loges pour le constater : dans l’étable québécoise de demain, la technologie et le bien-être animal prédominent.
De la ventilation naturelle à la traite robotisée, en passant par le système de nettoyage autonome du fumier et le pousseur d’aliments automatique, la ferme du futur multiplie les innovations, autant du côté de l’aménagement des installations que des opérations au quotidien. Sans être plus facile qu’auparavant, « faire le train » est moins exigeant physiquement, ce qui permet de prendre de l’expansion sans augmenter la main-d’œuvre. Pour une flexibilité maximum, le bâtiment à ventilation passive a été choisi et conçu principalement en fonction de la circulation des animaux et de la routine de traite.
« Vache à lait » de l’exploitation
La nouveauté la plus importante est très certainement l’intégration du DairyRobot R9500 de GEA. En effet, cet outil intelligent permet un contrôle quasi complet des opérations de traite. Un panneau avec écran tactile indique l’état de traite en cours, et le producteur peut intervenir en tout temps.
« Avant l’implantation de la nouvelle technologie qui intègre la séparation par quartier [trayon], nous avions deux traites manuelles par jour, sept jours par semaine », se souvient Marianne Desrochers, copropriétaire de 5e génération de la ferme avec son conjoint Mikael Dumas. « On peut ainsi faire dévier aux égouts les quartiers hauts en cellules somatiques, ce qui aide grandement à la qualité du lait. »
Gestion du trafic à l’entrée
De plus, cette entreprise branchée serait la première au Québec à proposer le circuit orienté avec des barrières de sélection pour accéder à la traite robotisée. Le système fonctionne selon l’état de l’animal. Ainsi, avant d’entrer dans l’espace de traite, si la vache n’est pas prête à se faire traire, cet outil l’oriente vers la salle d’attente ou encore la retourne à la mangeoire dans la section en stabulation libre. L’ordinateur détermine le moment opportun selon son stade de lactation. Le corridor à la sortie des robots oriente vers cinq directions possibles : l’hôpital, le « parc des chaleurs », le bain de pieds, l’aire d’attente et la mangeoire. « Cette sortie guidée fait en sorte que les vaches traites et les non-traites ne se mélangent pas dans l’aire d’attente », explique Jean-Daniel Lavertu, représentant du concessionnaire Équipements M.B.L.
« L’avantage principal d’une telle façon de faire est la transmission d’information qui nous permet de prendre les meilleures décisions [cellules somatiques, quantité de lait, etc.] », ajoute Mme Desrochers. « On le voit dans la production de lait : les volumes augmentent tout le temps. »
Par ailleurs, la procédure de traite « In-Liner Everything » exclusif à GEA, permet de procéder à toutes les étapes du processus de traite dans un seul gobelet : de la stimulation au nettoyage du trayon, en passant par la récolte des premiers jets, la traite et l’application du bain de trayon.
« De plus, le robot indique également les alarmes de cellules [cellules somatiques élevées ou cas potentiel de mammite] et mentionne exactement quel quartier est infecté et quel est le niveau d’infection », indique M. Lavertu. On estime que la production atteindrait environ 40 kg de lait par vache par jour, ce qui serait au-dessus de la moyenne.
Du bunker à l’étable
Par ailleurs, un nouveau véhicule, le Siloking, circule du silo horizontal à l’aire d’alimentation dans l’étable pour distribuer le maïs ensilage. Ce mélangeur vertical mélange la ration totale et la sert à tout le troupeau.
De plus, l’alimentation prend une autre dimension avec le RoboRebel à batterie de GEA, un automate à courroie rotative – un capteur intelligent mesure la charge – fonctionnant jour et nuit, programmé pour démarrer à des heures précises et pouvant traiter une grande variété d’aliments. En circulant dans l’aire d’alimentation grâce à des bandes magnétiques au sol, le RoboRebel pousse les aliments plus souvent, plus près des vaches, ce qui entraînerait une augmentation de la consommation. On estime d’ailleurs que ce gain aurait un impact positif sur la productivité.
L’alimentation peut représenter jusqu’à 75 % des coûts de production. En mode conventionnel, la perte de ration totale varie en général de 5 à 20 %.
Des colliers « magiques »
Autre innovation, les puces électroniques au cou de chaque bête permettent de surveiller les périodes de forte activité pour séparer les vaches en chaleur du reste du troupeau. Ces capteurs enregistrent les informations en temps réel, notamment, ce qui permet d‘avoir de meilleurs résultats d’insémination, des taux de gestation plus élevés et des intervalles de vêlage plus courts.
Gestion du fumier entièrement autonome
Quant au fumier, un système complet et autonome intégre les différents équipements mis en place. Les grattoirs d’allée à câble avec lames basculantes et le grattoir de dalot à câble transversal amènent le fumier des allées vers le dalot transversal et ensuite vers la fosse de réception où il sera plus tard transféré vers le réservoir principal à l’extérieur de l’étable. L’angle de 16 degrés des bras du grattoir permet de diriger le fumier vers le centre où la force de traction est appliquée. Ce processus préserve le caractère antidérapant du revêtement de plancher et favorise la santé des onglons tout en augmentant la propreté des animaux et des lieux. De plus, on réduit ainsi les émissions d’ammoniac et on améliore la qualité de l’air.
Autre pratique : la litière de sable. Confortable pour les vaches, ce matériau sec et exempt de matière organique garde la fraîcheur et contribuerait à réduire les incidences de mammites causées par les microorganismes (E. coli, streptocoques, etc.). De plus, les logettes profondes de sable minimisent les besoins de toilettage et, par leur excellente adhérence, favorisent la diminution des jarrets enflés ou dénudés de poils ou encore les blessures au genou. « Selon nous, poursuit Marianne Desrochers, le sable, c’est meilleur pour le confort des vaches et le bien-être animal. Mais le matériau use beaucoup les équipements; c’est l’inconvénient. Mais on est prêts à faire ce compromis. »
Vers une agriculture plus verte
Un tel complexe laitier permet de réduire l’empreinte carbone en raison notamment de l’augmentation de la production de lait par bête. En effet, on estime que si les vaches produisent davantage de lait, leur production de méthane diminue. De plus, en vieillissant, l’animal émet moins de ce gaz. Une vache en bonne santé et satisfaite produit du lait plus longtemps, entraînant une baisse d’émissions de CO2 de la production laitière.