Transformation 18 décembre 2023

L’industrie du cornichon sauvée in extremis   

Les producteurs de concombres de transformation de la province l’ont échappé belle, cette année, dans un contexte où l’un de leurs principaux acheteurs, Les Aliments Whyte’s, a cessé ses activités, en raison de difficultés financières. Un autre fabricant québécois de cornichons fermentés, Aliments Putter’s, est arrivé à la rescousse, juste avant la faillite, en rachetant les contrats des agriculteurs pour la récolte de 2023.

« On s’est retrouvés chanceux que Putter’s décide de racheter nos contrats avec Whyte’s, sinon on n’aurait pas été payés », raconte avec soulagement l’un des plus gros producteurs de concombres de transformation de la province, Jonathan St-Onge, dont la ferme se situe à Saint-Robert, en Montérégie. 

Rachat de l’usine de Whyte’s 

Les problèmes financiers des Aliments Whyte’s étaient connus de l’industrie depuis environ 18 mois, mais ce n’est qu’en octobre que le transformateur, qui commercialisait les produits de marque Coronation et Strub’s, a finalement déclaré faillite. Son usine du Québec, située à Saint-Louis, en Montérégie, a ensuite été acquise par Aliments Putter’s, qui devient le plus important fabricant de cornichons de la province.  

Aliments Putter’s, qui produit également de la choucroute, achetait déjà beaucoup de concombres locaux pour alimenter son usine de Sainte-Sophie, dans les Laurentides. Avec l’acquisition des installations de son compétiteur, le transformateur entend augmenter considérablement sa production.

« On a acquis la bâtisse de Saint-Louis pour aller augmenter notre capacité de production […] de cornichons fermentés. On va aussi faire d’autres produits qu’on va mettre sur le marché d’ici un an », affirme l’un des copropriétaires, John Tartaglia, qui tient à rassurer les 12 producteurs de concombres de transformation de la province.

Deux producteurs de concombres rencontrés à l’assemblée générale annuelle des Producteurs de légumes de transformation du Québec, Jean-Sébastien Boisvert et Jonathan St-Onge, sont rassurés par ce rachat, mais ont hâte de savoir comment s’articuleront leurs prochains contrats. Photo : Caroline Morneau/TCN

« Le but, c’est de maintenir le volume de concombres qui est produit au Québec ou de l’augmenter. Même que s’ils peuvent produire plus [au Québec], ça nous aiderait, parce que là, on achète aussi des concombres de l’Ontario », explique M. Tartaglia. 

Questionnés sur le sujet, deux producteurs locaux de concombres de transformation soulignent qu’Aliments Putter’s est digne de confiance, selon eux, sauf qu’ils ont hâte de savoir comment seront structurés leurs contrats, dorénavant. 

« On n’a pas peur; c’est juste qu’on est complètement dans le néant. On n’a aucune idée de comment ça va fonctionner, cette année », fait valoir Jean-Sébastien Boisvert, producteur de Saint-Lin–Laurentides, dans Lanaudière. Même son de cloche du côté de son confrère Jonathan St-Onge. 

Nous, on voit ça d’un bon œil, parce qu’ils viennent assurer la production au Québec. […] Mais là, comment ça va être structuré? Qui va nous donner nos contrats? C’est ça qu’il reste à voir.

Jonathan St-Onge

Les négociations de contrats pour la saison 2024 entre le transformateur et les Producteurs de légumes de transformation du Québec (PLTQ) auront lieu plus tard, cet hiver. 

L’objectif de prendre le marché vacant

John Tartaglia explique vouloir prendre plus de place sur les tablettes d’épiceries de la province et du pays. Le transformateur entend aussi aller chercher la part de marché qu’avaient Les Aliments Whyte’s dans les restaurants et les institutions. « Les produits Putter’s ne sont pas listés chez tous les détaillants, mais là, on a la place pour le faire. […] On s’est fait approcher par des chaînes d’épiceries pour que nos produits soient listés à travers le Québec, à travers le Canada. Donc, tous les Maxi vont les avoir, tous les IGA… », affirme-t-il. Des marques des Aliments Whyte’s, telles que Coronation et Strub’s, pourraient même continuer d’exister, puisque des acheteurs ontariens en ont fait l’acquisition, dit-il. « Les marques de Whyte’s ont été vendues séparément. [Les nouveaux propriétaires] nous ont approchés pour savoir si on est intéressés à être manufacturiers pour eux, mais ce sera à voir », précise-t-il.