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DESCHAILLONS-SUR-SAINT-LAURENT – Voilà une fête qui aurait été bien improbable il y a à peine quelques années dans la petite ville de Deschaillons-sur-Saint-Laurent, dans le Centre-du-Québec : une soirée dansante rassemblant des immigrants du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Amérique latine. Parmi eux, quelques travailleurs étrangers temporaires. C’était la deuxième édition pour cette activité organisée par un organisme de la région, le PAIS (Projet d’accueil et d’intégration solidaire). « On a eu tellement de fun l’an dernier qu’il fallait absolument le refaire! » raconte Céline Auger, la directrice générale.
La présence des travailleurs étrangers temporaires (TET) durant les Fêtes témoigne d’un phénomène postpandémique en émergence. « Avec la crise de la COVID, plusieurs travailleurs étrangers n’ont pas pu revenir à temps pour les travaux, dit Mme Auger. Les entreprises ont donc pris l’habitude de demander des permis plus longs, jusqu’à trois ans. »
Un autre facteur contribuant à la présence des travailleurs à l’année est le fait qu’ils ne sont plus confinés au secteur maraîcher. « Il y a eu une croissance importante dans les secteurs porcin, laitier, bovin et serricole, qui opèrent à l’année », explique Fernando Borja, directeur général de FERME, dont l’acronyme signifie Fondation des entreprises en recrutement de main-d’œuvre étrangère.
La présence des travailleurs durant les Fêtes n’est pas sans conséquences.
Pour sa part, FERME organise plusieurs tournées festives dans le Centre-du-Québec et en Montérégie durant le mois de décembre. Au total, ce sont 115 travailleurs dans 20 fermes qui auront été visités pour distribuer des cadeaux et visionner un film en groupe.
Le Centre d’aide aux familles latino-américaines, qui organise également une fête, encourage les employeurs à prévoir quelque chose de spécial. « Cela peut être un cadeau ou une petite fête, précise Naomy Rendon, coordonnatrice du programme TET. Ça dit : “Tiens, j’ai pensé à toi.” Ça les touche beaucoup, surtout quand la famille est loin. »
Mais le plus beau présent reste, bien entendu, la présence des proches. C’est pourquoi FERME encourage les entreprises agricoles à opter pour des contrats plus courts. « On recommande des contrats de maximum huit mois, en rotation avec d’autres employés, pour que les travailleurs puissent retourner dans leurs familles, explique Fernando Borja. Plusieurs sont des papas, qui sont là pour améliorer leur situation familiale, mais il faut qu’ils puissent passer du temps avec leurs enfants. Parfois, les employeurs embauchent la conjointe si le travailleur le souhaite. La famille est réunie avec un permis ouvert. C’est un parcours difficile, mais pas impossible. Cela dit, une immigration, ce n’est pas ce que la majorité des travailleurs souhaitent. » Walter Tul en est un bon exemple. Ce père de famille guatémaltèque est au Québec afin d’amasser des sous pour pouvoir se partir en affaires chez lui. Il veut s’occuper d’une petite buanderie. Le travailleur a un contrat de deux ans avec un producteur de cannabis. « C’est trop long, souligne-t-il. Nous sommes 17 travailleurs et nous avons demandé au patron de raccourcir nos contrats. »
Le Guatémaltèque Samuel Ramos, travailleur du secteur porcin, est célibataire et sans enfant. Les longs contrats le préoccupent moins. Cela dit, quand on échange avec lui, son visage se fend d’un immense sourire quand il mentionne qu’il passera Noël avec son frère. « Il arrive dans quelques jours. Il vient travailler au Québec, dit-il. Je suis vraiment content! »