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L’inflation. Les taux d’intérêt à 7 %. Les pertes de récoltes. Les difficultés d’accès aux programmes de compensation. Les termes qu’on n’arrive plus à respecter. Les dettes qui explosent. Si les autres motifs de consultation restent d’actualité (les difficultés de transfert, le manque de main-d’œuvre, les enjeux de stress et de surcharge, etc.), il va sans dire que chez les producteurs et productrices que j’ai accompagnés cette année, la pression économique est quasi toujours présente. Vous savez, celle qui empêche de dormir. Celle qui taraude l’esprit sans nous permettre de trouver de solutions. Celle qui donne des sueurs froides et qui fait imaginer les pires scénarios pour s’en sortir.
Le manque de contrôle, les aléas de la météo… on y est habitués et on a appris à composer avec. On sait que ça passe, qu’il y aura de meilleures saisons.
En cette fin de saison 2023, l’inquiétude est autre. On ne sait pas si « ça va passer » cette fois. On se relevait à peine d’une trop longue pandémie qu’on a dû essuyer les revers de la guerre en Ukraine (hausse des prix du diesel et des intrants notamment). Puis, on a vécu un été de gels tardifs, de cycles répétés de grande chaleur et de couverture nuageuse, d’inondations. On a perdu des récoltes. On a attendu longtemps, et en vain, une aide d’urgence. Comme un boxeur dans son ring, on a serré les dents. On a espéré que le prochain round serait plus facile. Puis, les dettes financées à 2 % sont devenues des dettes à 7 %. On s’est mis à craindre une récession. Et aujourd’hui, plusieurs se demandent si le combat va se terminer par un « KO », s’il ne vaudrait pas mieux quitter le ring de soi-même avant. Déjà, on a vu plusieurs entreprises fermer leurs portes ou mettre un terme à des projets prometteurs par peur que le pire soit encore à venir.
En santé psychologique, le stress au long cours est un facteur de risque important. Si le stress face à une situation difficile est normal et sain à la base, il est ravageur lorsqu’il perdure dans le temps. En gros, c’est comme si on activait en continu le bouton d’alarme de notre système nerveux; notre système dit « sympathique » (par opposition au système nerveux parasympathique qui régule le retour au calme) reste alors en état de vigilance constante puisqu’il décode que la menace est toujours présente. Et, force est d’admettre que menace il y a, sachant que l’argent est le nerf de la guerre d’une entreprise.
Si le stress est une menace réelle, par exemple une lettre de la banque, un risque de perdre la ferme, etc., l’anxiété est à un autre niveau. Celle-ci représente en effet tous les scénarios qui « pourraient » arriver et que notre cerveau s’imagine lorsqu’on essaie de prévoir l’avenir. Pour notre système nerveux, stress et anxiété ont le même impact; ils activent tous deux exactement les mêmes signaux physiologiques (boule dans la gorge, adrénaline, cœur qui débat, etc.). Et, lorsqu’on est entrepreneur, il est fréquent de penser 12 coups d’avance et d’essayer de prévoir la suite, surtout lorsque le risque implique l’avenir de la ferme.
Ainsi donc on se retrouve, cette saison-ci particulièrement, à cumuler plusieurs sources de stress et d’anxiété importantes de front. Si on ajoute à cela le peu de réponses actuelles sur l’avenir en agriculture, on a les ingrédients parfaits d’un cocktail explosif pour la santé psychologique.
Si vous êtes dans cette situation, sachez qu’il est important d’en parler. Vous n’êtes ni seuls, ni inadéquats; le système vous envoie une rafle après l’autre depuis bien trop de rounds. Sachez qu’on est là pour vous et qu’on peut vous aider à faire face à ces défis.
Besoin d’aide?
Si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Pour l’aide d’un travailleur de rang, contactez le 450 768-6995 ou par courriel [email protected].