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Les congélateurs de Roxanne Bourgault-Parenteau et Ekrem Zundja sont pleins de pièces de viande et leur compte de banque est dans le rouge à la suite d’investissements effectués en cette deuxième année d’existence de leur ferme. Les deux producteurs espèrent que les ventes dans les marchés de Noël leur permettront de se renflouer.
Pourtant, leurs premiers marchés n’ont pas été miraculeux jusqu’à maintenant. « L’achalandage varie d’un marché à l’autre, et on remarque que les gens viennent plus pour acheter des cadeaux. Ils vont mettre 50 $ en gogosses plutôt que 50 $ de viande sur leur table. Au moins, ça nous fait connaître », indique celle dont la ferme d’élevage est située à Laurierville, dans le Centre-du-Québec.
Les gens ne s’en rendent pas toujours compte, mais, pour une petite entreprise agricole en démarrage, dans laquelle les propriétaires doivent obligatoirement maintenir un emploi à l’extérieur, le fait de participer à des marchés de Noël les fins de semaine gruge du temps qu’ils peinent à trouver dans leur semaine de travail de 70 heures.
L’agricultrice détient un diplôme universitaire en mathématiques et travaille comme analyste pour une compagnie d’assurances. Au moment de l’entrevue, le 4 décembre, elle espérait que ses derniers marchés de Noël apportent plus de ventes, sans se faire trop d’attentes.
Les sacrifices de démarrer une ferme
Roxanne Bourgault-Parenteau indique que l’argent qui provient des ventes des marchés de Noël permet au moins de payer les factures qui rentrent à la ferme ces temps-ci. Il ne permet toutefois pas de diminuer l’endettement.
Le couple a utilisé toutes ses économies et deux cartes de crédit sont pleines, avec un taux préférentiel négocié. « C’est sûr que cette année, c’est tough. On le savait. La deuxième année, il fallait faire de gros investissements pour clôturer le pâturage, pour acheter de nouvelles mangeoires, en plus des dépenses à gauche et à droite sur les bâtiments et autres », décrit la copropriétaire de l’entreprise Paysannerie RE, qui mise sur un troupeau d’une centaine de brebis, des lapins et de la volaille.
Pour améliorer sa mise en marché, le couple a travaillé d’arrache-pied à transformer une partie des carcasses en produits alimentaires à valeur ajoutée. Détenant depuis l’été un permis de transformation, Roxanne désosse notamment les lapins pour faire elle-même, dans sa cuisine, des rillettes, de la mousse de foie, des effilochés, des cuisses confites, etc. Une portion de la volaille est aussi transformée. La viande de mouton est, pour sa part, vendue en découpes.
Sauf qu’avec 100 brebis, les naissances et les abattages viennent vite, sans parler des lapins qui se reproduisent aussi rapidement. Cela crée une pression sur les deux agriculteurs de vendre leur viande. « On veut offrir de bons produits aux gens, mais il faudra rendre ça viable au niveau monétaire et au niveau de l’énergie, car on ne pourrait pas supporter ce rythme-là pendant 10 ans! » constate-t-elle.
Le couple est toutefois optimiste. Les ventes à la ferme sont encourageantes et alignées avec son plan d’affaires. « La rentabilité va être là dans les prochaines années. Les chiffres se tiennent. C’est ce qui nous motive à continuer », indique celle qui avait déjà pris de l’expérience en agriculture, notamment dans une ferme laitière.