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QUÉBEC – Une atmosphère pour le moins tendue régnait, en fin d’après-midi, le 6 décembre, lors du Congrès de l’Union des producteurs agricoles (UPA). Avant même d’avoir pu conclure son discours, le ministre provincial de l’Agriculture, André Lamontagne, a été soumis à une longue période de questions et de revendications, ponctuée de gestes symboliques que les délégués avaient préparés.
Yves Laurencelle s’est présenté au micro accompagné de plusieurs confrères du territoire de la Capitale-Nationale et de la Côte-Nord, postés derrière lui lorsqu’il a interpellé le ministre sur la réalité des producteurs en régions éloignées. « Ça, ce sont des producteurs agricoles qui sont sur le bord de la faillite ou quasiment. Ils ne sont pas ici avec la gêne de faire faillite. Ils sont ici pour venir m’appuyer quand je vous dis que ça ne marche pas, dans les régions », a-t-il martelé.
Une productrice laitière, Meghan Jarry, a pour sa part offert un panier d’épicerie à M. Lamontagne rempli de morceaux de papier sur lesquels des représentants de la relève agricole, qui l’entouraient, avaient listé leurs appréhensions face à l’avenir.
La salle a particulièrement réagi lorsqu’un producteur maraîcher, Philippe Leguerrier, s’est présenté au micro avec des bottes de travail dans la main pour inviter le ministre à se « botter le cul ».
Ces mises en scène suivaient une grande marche, déployée plus tôt dans la journée, durant laquelle les agriculteurs ont réclamé un meilleur soutien gouvernemental. Gonflés à bloc, les producteurs et leur président attendaient le ministre de pied ferme lorsqu’il s’est présenté au congrès pour livrer son allocution. Tous se sont levés, la main sur le cœur.
Bien qu’irrité par le fait que le président de l’UPA, Martin Caron, ne lui ait pas laissé finir son discours, André Lamontagne a écouté tout ce que les producteurs avaient à dire et a répondu à leurs questions.
« Je ne suis pas une boîte à miracles »
Le tout s’est finalement conclu avec une envolée du ministre durant laquelle il a affirmé avec émotion se lever chaque matin en faisant le maximum pour soutenir les agriculteurs. Il a signalé, cependant, que « la boîte à miracles n’existe pas ».
« Si c’était facile de s’occuper de tout ça, il n’y en aurait pas, de problèmes, mais c’est compliqué », a-t-il insisté, en reconnaissant que les agriculteurs du Québec, fortement dépendants de la météo, exercent un métier difficile, tout comme ceux d’autres pays qu’il a visités, tels que la France, la Belgique, les Pays-Bas et le Japon. Conscient que plusieurs défis subsistent en agriculture, il a réitéré avoir mis en place plusieurs mesures d’aide bénéfiques aux producteurs, ces dernières années.
« D’avoir quelqu’un qui vient me donner ses bottes pour me donner un coup de pied au cul, ça ne me dérange pas, parce que je sais que quand je me couche le soir, je ne peux pas être plus engagé que je le suis envers vous, envers ce que vous faites, envers vos enfants et en souhaitant qu’il y ait de l’agriculture au Québec pour les 100 prochaines années », a-t-il conclu, après quoi les délégués, contre toute attente, se sont levés pour l’applaudir chaleureusement.
Martin Caron a, par la suite, cherché à calmer le jeu, en reconnaissant l’engagement du ministre. Il a aussi fait allusion au manifeste remis aux parlementaires ce jour-là. « On va être à vos côtés pour aller chercher les budgets qu’on mérite », a affirmé le président de l’UPA.