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SAINT-HYACINTHE – Une présentation portant sur le déclin de la production de légumes en Irlande, qui découle entre autres d’une incapacité des fermes locales à concurrencer les importations et à obtenir le juste prix pour leurs produits, a fait réfléchir les maraîchers du Québec, réunis en assemblée générale annuelle, le 24 novembre.
« Le producteur est confronté à des augmentations de coûts très substantielles qu’il n’est pas capable de passer [à ses acheteurs]. Dans notre cas, par exemple, si on n’avait pas été une entreprise agricole établie depuis de nombreuses années, on aurait croulé, cette année », a réagi Gérard Trudeau, président des Fermes Trudeau, à Saint-Mathieu-de-Belœil, en Montérégie.
Dans une vidéo préenregistrée, le directeur du département d’horticulture d’un organisme rattaché au ministère de l’Agriculture en Irlande, Dermot Callaghan, a mis en lumière la réalité des maraîchers chez lui, dans un contexte de coûts des intrants élevés et de changements climatiques qui nuisent aux récoltes.
Depuis 20 ans, les superficies de légumes ont chuté de 50 % en Irlande et le nombre de producteurs commerciaux, de 75 %. Moins de 200 fermes font affaire avec les grossistes et les supermarchés aujourd’hui, et la superficie de légumes qu’elles cultivent est estimée à 4 500 hectares, soit seulement 12 % de la superficie québécoise.
M. Trudeau estime qu’un meilleur dialogue entre les producteurs et les chaînes d’alimentation sera nécessaire au Québec pour éviter d’en arriver là.
La présidente de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, Catherine Lefebvre, a aussi fait un parallèle avec l’année 2023 qu’ont connue ses membres. « Je pense à tous les appels de producteurs qu’on a eus qui sont en difficulté financière et qui se demandent comment ils vont faire pour perdurer dans le temps. Je pense que ça nous met la situation qu’on a vécue en 2023 vraiment en pleine face », a-t-elle témoigné.
Des normes élevées
Des producteurs estiment aussi que le gouvernement devrait les aider à demeurer compétitifs par rapport aux États-Unis et au Mexique, relevant entre autres devoir se conformer à des normes beaucoup plus sévères, selon eux. Par voie de résolution, l’assemblée a réitéré ses demandes à l’État d’alléger le fardeau administratif des entreprises et de mieux les soutenir financièrement dans l’atteinte des cibles environnementales.
« Quand on parle d’eau de lavage, de pompage d’eau, c’est toujours une montagne. C’est un paquet de paperasseries à faire, un paquet de temps qu’on dépense dans nos entreprises versus les autres. […] C’est ça qui draine les maraîchers », a notamment fait valoir Jocelyn Gibouleau, de la ferme Les productions Margiric. Son intervention s’adressait au ministre provincial de l’Agriculture, André Lamontagne, qui s’est présenté à l’assemblée par visioconférence. « On n’est pas contre l’environnement, on est pour l’environnement, mais il faut avoir de l’aide pour pouvoir atteindre ces cibles-là », a ajouté le producteur de Laval.
Le ministre a répondu qu’il faut faire attention de ne pas « niveler vers le bas » les exigences en se comparant aux autres, mais a reconnu que le Québec, en mettant « la barre haute au bénéfice des consommateurs », doit aussi s’efforcer de limiter les conséquences sur les entreprises. « Je suis engagé à être votre porte-voix par rapport à ça », a-t-il affirmé.