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DRUMMONDVILLE – Le producteur laitier Jonathan St-Pierre et des voisins ont vidé cinq extincteurs pour contenir les flammes qui dévoraient son tracteur et léchaient les murs de son étable, à Acton Vale, dans la nuit du 14 février dernier. Les détails de son intervention sont encore frais dans sa mémoire.
« J’ai été réveillé à 1 h 57 par l’alarme du robot de traite, raconte-t-il. Quand je suis arrivé dans l’étable, dix minutes plus tard, la fumée était opaque. Les vaches étaient regroupées dans un coin et regardaient le feu. Je n’avais pas de plan d’urgence, mais je m’étais imaginé un scénario d’intervention dans pareille situation. »
L’intervention rapide du propriétaire et des pompiers a permis de limiter les dégâts, de sauver les bâtiments et le troupeau de 145 vaches. « Très peu de producteurs ont pensé à se doter d’un plan pour faire face à un sinistre, un incendie ou un effondrement », explique la Dre Martine Denicourt, vétérinaire et professeure à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal.
Avec la Dre Isabelle Maheu, du Bureau vétérinaire de Richmond, elle a animé un atelier sur le sujet lors du Colloque sur la santé des troupeaux laitiers, à Drummondville, le 28 novembre. La grande majorité des participants étaient des éleveurs et environ la moitié avaient déjà vécu une situation d’urgence.
« Notre objectif est de sensibiliser les producteurs et leur donner des outils pour leur permettre d’élaborer un plan de mesures d’urgence qui pourrait faire toute la différence lorsque survient un sinistre », mentionne la Dre Maheu.
Cette dernière a contacté la professeure Denicourt pour se pencher sur la question après une intervention sur les lieux d’un incendie de ferme l’hiver dernier. Les deux professionnelles se sont mises au travail en examinant toutes les facettes du sujet. Elles en sont venues à élaborer un canevas de plan de mesures d’urgence qui touche tous les aspects de la configuration des lieux et des équipements, puis des activités dans l’entreprise, un plan qui a par la suite été éprouvé avec la collaboration du producteur laitier Jonathan St-Pierre.
Ainsi, les deux professionnelles proposent aux éleveurs d’élaborer un plan de leurs installations en identifiant les bâtiments, leur configuration avec les sorties, la présence des réservoirs et des équipements. La Dre Maheu rappelle aussi l’importance d’avoir sous la main une liste des principaux contacts en cas de sinistre.
« Dans une situation d’urgence, ce n’est pas le moment de chercher les numéros des services d’urgence, des transporteurs, de l’assureur, d’une pension temporaire pour le troupeau et aussi du vétérinaire, qui pourra examiner le troupeau, proposer un traitement pour les animaux blessés ou procéder à l’euthanasie. »
Les deux professionnelles insistent sur la nécessité d’informer les membres de la famille et les employés de l’existence de ce plan. Ils connaîtront ainsi les procédures à suivre lorsqu’il doit y avoir évacuation des animaux pour bien les orienter, éviter qu’ils se dispersent ou même qu’ils retournent dans le bâtiment. « Il y a un gros travail de sensibilisation à faire non seulement auprès des producteurs, mais chez tous les intervenants du monde agricole », avoue la Dre Denicourt.
Pour appuyer cette affirmation, elle explique que leur démarche les a amenées à consulter des ingénieurs en bâtiments et même un groupe de chefs de pompiers de la Montérégie-Est. Ces derniers ont reconnu être mal préparés pour intervenir lors de sinistres à la ferme et ont pris l’engagement de travailler à corriger cette lacune.