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Au début 2024, à Farnham, en Estrie, Nature Energy commencera la construction de sa première usine de biométhanisation en Amérique du Nord. L’entreprise danoise, qui travaille en partenariat avec Énergir Développement, a également les yeux tournés vers Chaudière-Appalaches, où elle a tenu une première rencontre d’information pour les citoyens, au début novembre, à Saint-Joseph-de-Beauce.
L’usine de gaz naturel renouvelable suivra le même modèle que celle de Farnham, avec une capacité de traitement annuelle de 715 000 tonnes de résidus agricoles, principalement du fumier et du lisier. « C’est une autre dimension de ce que font les usines de biométhanisation en fonction présentement au Québec, qui traitent de 30 000 à 60 000 tonnes par année de biomasse », dit Adam Lebel, agronome et responsable du développement agricole chez Nature Energy.
L’entreprise propose aux agriculteurs de recueillir le fumier elle-même et gratuitement, via son propre système de transport. Les producteurs ne sont pas rémunérés pour le fumier, mais ils reçoivent une petite rétribution en échange du maintien d’une certaine qualité. « Ce n’est vraiment pas exigeant comme standards à respecter; c’est plus pour le principe », précise
M. Lebel. Les agriculteurs auront également accès à du digestat, un dérivé liquide de la production du gaz, qui sert d’engrais (voir l’encadré).
Durant l’année 2024, Nature Energy entend procéder à d’autres consultations de même qu’à des évaluations environnementales dans Chaudière-Appalaches. Si tout se passe bien, elle prévoit commencer la construction en 2025, et être pleinement opérationnelle en 2027.
L’apport essentiel des agriculteurs
Nature Energy a commencé les démarches pour recruter des producteurs agricoles, afin d’assurer l’apport en matière première. Elle doit en avoir rassemblé entre 100 et 125 pour faire rouler l’usine. Les fermes doivent se situer dans un rayon de 30 km à vol d’oiseau. Selon Adam Lebel, convaincre les agriculteurs représente parfois un défi.
Déjà propriétaire de douze usines de biométhanisation au Danemark, Nature Energy a l’intention de construire une dizaine d’usines au Québec. « Le gouvernement québécois s’est doté d’une cible réglementaire d’injection de gaz naturel renouvelable dans le réseau gazier d’Énergir à proportion minimale de 10 % d’ici 2030, rapporte Adam Lebel. La capacité de production de l’une de nos usines pourrait représenter 3 % de cette cible. » Pour son développement futur dans la province, l’entreprise danoise cible en priorité les régions de grande production animale.
Nature Energy entend s’implanter en Ontario également. Déjà présente en France, elle est en démarchage dans plusieurs pays européens et aux États-Unis.
Du digestat en cadeau
Adam Lebel rapporte que le digestat remis aux producteurs agricoles présente différents bénéfices. « C’est une matière fertilisante concentrée qui offre une meilleure disponibilité des minéraux que le fumier, explique-t-il. Il contient un bon taux d’azote, meilleur que le phosphore, dont l’utilisation est limitée par la réglementation. Les agriculteurs diminuent aussi leurs besoins en engrais de synthèse et donc leur coût. Les odeurs sont également réduites. Comme c’est plus concentré également, cela permet de réduire les voyages sur la terre. »
Qu’en est-il des odeurs?
L’une des inquiétudes soulevées par la population concerne les odeurs que pourrait dégager une nouvelle usine de biométhanisation. Nature Energy soutient que son mode de production permet de contrôler les odeurs. « Le bâtiment opère avec une pression négative, ce qui permet de les absorber. Nous avons aussi, à l’intérieur, des filtres au carbone », dit Adam Lebel.