Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Avec une population correspondant au sixième de la population mondiale, les enjeux agricoles de la Chine risquent d’être multiples dans les prochaines années. La table est mise pour une véritable accélération de la mise à jour des techniques agricoles dans cette région du monde. L’animateur du balado Le son de la Terre, Vincent Cauchy, a discuté avec le producteur Jean-François Ridel, qui revenait justement d’un séjour dans l’Empire du milieu.
Q Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à l’agriculture d’ailleurs?
R Quand j’étais à l’université, j’ai toujours voulu faire des stages à l’étranger. Ça m’a amené à éventuellement faire un stage en France alors que j’étais au cégep, puis par la suite, à l’université, j’ai fait un an de stage au Japon. Finalement, à la fin de mes études universitaires, j’ai travaillé une dizaine d’années au Japon. De là, j’ai pu travailler avec autant la Russie, la Biélorussie, l’Allemagne, la France, la Corée. En revenant au Québec, j’ai toujours un intérêt à voir un peu ce qui se passe partout à travers le monde. Je mets aussi en marché des équipements qui sont justement de Chine, de la région de Shanghai.
Q À quoi ressemble le modèle d’agriculture chinois?
R La démesure de la Chine, ça se perçoit surtout dans le nombre d’entreprises qui se battent pour garder et développer leur marché. Il n’y a pas de raccourci trop court. Ils n’hésitent pas à copier et à trouver des façons de baisser les prix de toutes les manières possibles. J’ai visité une ferme au cours de l’été dernier, où un producteur me disait qu’il louait sa terre à 3 000 $ l’hectare au gouvernement. Ça fait quand même cher. C’est du cash, là. C’est mi-céréalier, mi-légumes […] Dans ce cas-ci, c’était une ferme d’environ 120 hectares avec une quinzaine de personnes. C’est une ferme moyenne, mais plutôt modèle. C’est une vision de l’agriculture chinoise où on a des entrepreneurs visionnaires qui utilisent des technologies quand même avancées. À côté, il y a des agriculteurs qui ont peut-être un hectare, où c’est de la très petite agriculture. L’autre extrémité, ce sont les amis proches du parti.
Q Où se situe la Chine par rapport, disons, au Canada, en matière d’évolution agricole?
R Quand on écoute les politiques chinoises, on s’aperçoit que la Chine d’aujourd’hui veut reprendre le retard. Oui, il y a une démesure par la grandeur et par le nombre de gens, mais néanmoins, quand on regarde la machinerie et quand on regarde les pratiques, ils ne sont pas encore avancés dans ce qui est de l’agroécologie. Mais ils apprennent vite et ils veulent apprendre vite. Tout ce qu’ils peuvent copier pour accélérer le processus, ils vont le faire, ils vont le mettre en place pour nous rattraper. Par exemple, il y a deux ans, le plus gros tracteur à la foire agricole à laquelle j’ai participé dernièrement, c’était quelque chose comme 150 HP. Cette année, c’était 360 HP. Ça a fait un grand saut. Les cabines de moissonneuses batteuses qu’on voyait il y a un certain temps, c’était des cabines des années 80. Maintenant, on est rendu plus début 2016, ça va vraiment accélérer. En deux ans, ils ont dû faire un saut de dix ans. Dans un autre deux ans, ils nous auront rattrapé. On a juste à regarder au niveau de l’électrification des transports. À Shanghai, quand j’y suis allé dernièrement, j’ai remarqué que quasiment un véhicule sur trois était électrique.
Écoutez l’entrevue complète avec Jean-François Ridel pour en apprendre plus sur sa ferme, sa vision de l’agriculture québécoise et la santé des sols.