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Au Québec, la Loi sur la qualité de l’environnement oblige désormais le maintien d’une bande riveraine recouverte en permanence de végétaux aux abords d’un cours d’eau ou d’un lac.
La bande riveraine constitue une zone de végétation permanente qui borde et protège les cours d’eau tout en apportant une suite ininterrompue de bienfaits à la flore, à la faune et aux terres agricoles. Cette lisière verte freine l’érosion des berges et réduit le ruissellement des sédiments, des nitrates, des phosphates et des pesticides. Plantée d’arbres ou d’arbustes, elle préserve les cultures des vents violents et rafraîchit l’eau et le bétail. Elle abrite aussi la faune sauvage parmi laquelle se trouvent de grands dévoreurs d’insectes nuisibles. De plus, elle fournit du bois de chauffage, des petits fruits et du pollen pour les insectes utiles. Enfin, elle embellit les cours d’eau!
À sa ferme laitière et de grandes cultures de Notre-Dame-de-Stanbridge, en Montérégie, Sylvain Duquette maintient des bandes riveraines herbeuses depuis plusieurs années. Aujourd’hui, il ensemence ses bandes en plantes fourragères sur 20 m de large.
À intervalles réguliers, des avaloirs terminent la pente légère de ses champs, là où des fossés peu profonds aboutissent au cours d’eau. Ces avaloirs consistent en de gros tuyaux perforés, plantés à la verticale et entourés de pierres posées sur une toile géotextile. Ils sont reliés à un drain souterrain qui évacue l’eau dans le talus de la berge.
Des pierres pour consolider
Début juin, malgré l’absence de pluie, les bandes riveraines de Jean-Claude Raymond ont bien repris. Ce producteur de Saint-Urbain-Premier en Montérégie maintient 1 m de rive en foin de graminées. L’an dernier, il a semé du panic érigé sur environ 1 km de longueur par 10 m de largeur. Cette plante fourragère indigène possède un bon système racinaire et s’adapte bien aux sols pauvres.
Le semis du panic érigé et les aménagements des pentes font partie des travaux dont les coûts sont remboursés à 90 % par le volet 10 du programme Prime-Vert.
Il en est de même pour la totalité des frais de diagnostic des problèmes », ajoute-t-elle.
Types de plantations
Dans la même région vit Marius Byette, qui participe entre autres au Projet Rivière Esturgeon. En juin 2009, ce producteur a planté des arbustes tels que des cornouillers, des sureaux et des physocarpes, sur le talus et le replat du cours d’eau qui sépare ses terres de la route. Un paillis de fibre de noix de coco renforce le talus entre les jeunes arbustes.
Être plus exigeant
À Saint-Rémi, Ronald Haeck dirige avec ses soeurs Linda et Gina l’entreprise Willy Haeck et Fils, un imposant complexe de serres de production de plantes ornementales. Pour lui, la loi sur les bandes riveraines n’est pas assez coercitive. Guidé par Valérie Bouthillier-Grenier, l’agronomeconseil du club agroenvironnemental Dura-Club, M. Haeck a planté des cornouillers sur la berge du cours d’eau qui traverse la ferme. La fibre de coco sert aussi de paillis pour les plants de cornouillers. Des empierrements consolident le talus aux abords des ponceaux et aux endroits de fortes crues.
L’aménagement de la bande riveraine
Pour créer une bande riveraine, il suffit de laisser pousser la végétation sur la largeur réglementaire. « On plante les arbres ou les arbustes sur une membrane de plastique noire, ou on entoure chaque plant avec une collerette de feutre ou de plastique », explique Charles Lussier, géographe.
les disposer à une petite distance du talus, car ils ne doivent pas se trouver trop près de l’eau », explique M. Duquette. « Ils pourraient y tomber ou dévier le cours d’eau avec leurs racines », enchaîne M. Lauzier.
Près des plants, M. Duquette suggère de semer du trèfle, qui couvre rapidement le sol, protégeant ainsi les jeunes arbres des mauvaises herbes. Ses racines ont la propriété d’apporter de l’azote au sol. Autre choix : les graminées, comme le mil et le brome, qui résistent très bien aux passages de la machinerie.
Attention : de nombreuses bandes riveraines seraient parcourues de petits ravinements et de rigoles, par où une bonne partie de l’eau de ruissellement des champs s’évacue; le phosphore peut fuir par ces brèches.
Pas de miracles
La bande riveraine seule ne suffit pas à lutter contre l’érosion des berges et la pollution des cours d’eau. « Elle ne réalise pas de miracles; il faut la combiner avec le travail réduit du sol comme le semis direct, des zones tampons enherbées, des avaloirs, des bassins de sédimentation, un bon drainage de surface, entre autres », dit Georges Lamarre.