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En Estrie, des essais dans divers élevages confirment l’efficacité de la litière de panic érigé.
« La hausse du prix des grains de maïs et de soya va certainement affecter les superficies ensemencées en céréales, donc la disponibilité de la paille pour la litière », soulignait le printemps dernier Daniel Clément, producteur de panic érigé à Johnville en Estrie. Depuis 2008, après avoir vendu son troupeau laitier, Daniel Clément s’est lancé dans cette culture. « Au départ, je pensais ensemencer uniquement 40 de mes 160 hectares en culture, une terre en location plutôt accidentée », relate-t-il. Mais de printemps en printemps, c’est pratiquement la totalité de la superficie qui s’est retrouvée en panic érigé. « J’avais en tête de le cultiver et d’effecteur sa transformation en granules. Mais pour l’instant, je développe le marché de la litière », indique le producteur.
Du pareil au même
« En laboratoire, la capacité d’absorption de la paille de panic érigé avait été comparée à d’autres matériaux. Il faillait faire des essais en situation réelle pour voir l’effet du piétinement, par exemple », mentionne Huguette Martel, conseillère en grandes cultures et en agroenvironnement à la Direction régionale de l’Estrie au MAPAQ. Ainsi, des essais non scientifiques, mais en conditions d’élevage, ont permis de comparer la litière de panic avec le matériel habituellement utilisé chez des producteurs agricoles de volailles, de bouvillons d’engraissement, d’ovins, de vaches laitières et de vaches-veaux. Dans tous les cas, une quantité semblable de litière a été utilisée. L’humidité a été mesurée à la sortie de la litière. Peu importe l’élevage, les commentaires des producteurs ont été très positifs. La litière de panic érigé se révèle aussi facile à distribuer, elle absorbe autant que la paille de blé ou d’avoine et elle ne produit pas plus de poussières.
À Coaticook, Réal Sage, de la ferme Nica, a participé à l’essai du MAPAQ. Le bâtiment abritant son cheptel de 180 vaches-veaux est divisé en deux. D’un côté du bâtiment, le producteur a épandu deux balles de paille et de l’autre, une balle de panic érigé, pour un volume de litière équivalent. « Le panic érigé absorbe très bien, même mieux que la paille, et il est moins glissant », compare Réal Sage. Dans le cadre de l’essai, le coût de la paille s’élevait à 90 $, contre 55 $ pour le panic. En nettoyant le bâtiment toutes les trois semaines durant l’hiver, le producteur a réalisé d’importantes économies. Ces résultats ont convaincu Réal Sage d’acheter du panic érigé pour la saison prochaine. « J’envisage également de rénover un pacage accidenté et de l’ensemencer en panic érigé », réfléchit-il.
Patience avec le panic
À la ferme Rédeau, à Coaticook, Guillaume Nadeau a comparé le coût de production du panic érigé à celui de la culture d’avoine pour la production de litière. Dans un premier temps, il a évalué le coût d’implantation et d’entretien du panic selon les coûts réels de l’entreprise et les coûts pour la réalisation des travaux à forfait. Évidemment, la patience est de rigueur avec le panic érigé, car l’implantation se fait plutôt difficilement et on n’en tire aucun rendement les deux premières années. Sur une période de dix ans, Guillaume Nadeau estime que le rendement moyen du panic dans ses champs atteindra 6,1 t m.s./ha, tandis que celui de la paille d’avoine serait de 1,8 t/ha. Dans le cas de l’avoine, il a tenu compte de la vente du grain. « Il faudrait que le rendement du panic diminue en deçà de 4 ou 4,5 t/ha pour que la culture de l’avoine soit plus rentable que le panic », avance M. Nadeau.
Parmi les nombreux avantages de la production de litière de panic érigé, comparée à la litière de paille de céréales, il y a sans contredit le potentiel de rendement du panic à l’hectare, donc une diminution des superficies en céréales pour la paille. « Le panic érigé est une culture pérenne moins exigeante en temps et en argent. De plus, la récolte s’effectue avec les mêmes équipements de récolte que le foin. Plus besoin de la moissonneuse-batteuse », énumère Guillaume Nadeau. Lorsque l’on compare le coût d’achat du panic et de la paille conventionnelle (voir le tableau 1), ce dernier estime la différence entre les deux types de litière à plus de 70 $ la tonne pour la paille. Pour un troupeau de 60 vaches, l’économie serait de 2400 $ et plus, selon le prix de la paille conventionelle. Enfin, ce printemps, le producteur avait prévu ensemencer un champ de 4 ha en panic. Cependant, le semis a du être reporté à l’an prochain à cause des difficiles conditions climatiques. Il espère récolter 2 t m.s./ha dès la deuxième année.
Depuis déjà quelques années, on vantait les mérites du panic érigé. Mais en plus d’être difficile à implanter, les débouchés étaient plutôt rares. Ces essais ouvrent donc la porte à l’implantation de cette plante pérenne pour la production de litière, et ce, à moindre coût. Le panic érigé pourrait être ensemencé comme bandes riveraines élargies pour stabiliser les berges ou dans les champs à forte pente, afin de réduire l’érosion. « Le panic érigé n’a pas sa place partout, mais dans les endroits à fort risque d’érosion, les producteurs pourraient en tirer un revenu ou l’utiliser à la ferme », affirme Daniel Clément.