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DRUMMONDVILLE – À l’occasion de leur colloque annuel, les Producteurs de bovins du Québec (PBQ) ont lancé la certification « Bœuf du Québec », l’accomplissement d’une démarche entamée en 2021.
L’événement s’est tenu le 16 novembre devant un parterre rempli de producteurs, mais également de différents partenaires des maillons de la chaîne, à savoir les distributeurs, les transformateurs et les abattoirs. La certification vise à grappiller des parts de marché aux importations, alors que, selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, seuls 29 % du bœuf consommé dans la province est d’origine québécoise.
Pour obtenir leur certification, les producteurs devront prouver que 85 % de leurs veaux sont nés au Québec et que 100 % y ont été élevés. « On voulait avoir une certaine souplesse, donner une possibilité aux producteurs qui ont, par exemple, un bœuf reproducteur né en Ontario, de pouvoir accéder au programme », a précisé, en entrevue, Jean-Thomas Maltais, président des PBQ.
Présent sur place, Stéphane Bergeron, directeur pour le Québec chez Sobeys, dans les catégories viande et poisson, a décidé de mettre la certification de l’avant dans ses bannières (IGA, Bonichoix et Marchés Tradition).
M. Bergeron a souligné que, contrairement à Bœuf Québec, il a plus de latitude parce qu’il ne s’agit pas d’une marque privée. « Je peux décider, par exemple, de faire des produits transformés, comme des brochettes marinées, en collaboration avec un transformateur, et y mettre le logo Bœuf du Québec, ce que je n’aurais pas pu faire avec une marque privée », a-t-il expliqué.
Également présente, Manon Cambefort, directrice générale de Groupe ADEL (anciennement Abattoir de Luceville), près de Rimouski, a aussi l’intention d’apposer la certification sur ses produits. Selon elle, outre les consommateurs, cela interpellera également les institutions, qui doivent répondre au programme gouvernemental d’incitation à l’achat d’aliments locaux. « Ça nous est très demandé par les institutions et les restaurants qui peuvent le faire valoir auprès de leurs clientèles, par exemple, en apposant le logo sur un menu », a-t-elle mentionné.
Pour ce qui est du fonctionnement, ce sont les transformateurs, les distributeurs et les commerçants qui préparent les produits destinés aux consommateurs qui pourront apposer l’autocollant de certification. Il n’y aura pas de frais supplémentaires pour les producteurs de bœuf. « Et c’est le personnel des Producteurs de bovins qui assure l’audit, a affirmé Jean-Thomas Maltais. On voulait garder ça simple pour eux. »
L’éleveuse Isabelle Parent, copropriétaire de la Ferme Productions B.J.F., à La Présentation, en Montérégie, s’est interrogée à savoir si elle pourra utiliser la certification étant donné qu’elle vend ses viandes sur place. « Si c’est possible, je le ferai, absolument », a-t-elle assuré. Questionné à ce sujet, le directeur général des PBQ, André Roy, a précisé que son équipe travaille sur une solution pour les kiosques à la ferme.
Une promotion modeste
Les supports promotionnels pour le Bœuf du Québec se limitent à un site Web (mangezleboeufduquebec.com) et à une page Facebook. « Faire des campagnes de publicité ne nous est pas permis dans notre mandat comme fédération, sauf pour les questions environnementales ou de bien-être animal, explique Jean-Thomas Maltais. Par ailleurs, on n’est pas très riches comme industrie. Par contre, les comités de mise en marché (bouvillon, bovin de réforme, etc.) pourraient décider d’investir dans une campagne s’ils le souhaitent. Notre rôle est de créer la certification et que les autres se l’approprient. »
Un couac pendant le lancement
Durant le lancement, un producteur de bouvillons de la Beauce, qui est membre du conseil d’administration de la Société des parcs d’engraissement du Québec (SPEQ), Jules Côté, s’est levé et a pris le micro, interpellant les PBQ. « J’aimerais savoir pourquoi vous avez envoyé des mises en demeure à Bœuf Québec et à la Société des parcs d’engraissement du Québec [qui a instauré cette marque privée]? » a-t-il questionné, en jetant un froid dans la salle. Interviewé par la suite, Jean-Thomas Maltais n’a pas voulu confirmer l’information, mais il a dit être en discussion avec les gens de Bœuf Québec. Du côté de la SPEQ, le directeur général, Jean-Sébastien Gascon, a confirmé avoir reçu des mises en demeure le 3 avril dernier, sans toutefois vouloir en préciser la teneur. Il a par ailleurs confirmé les propos de Jean-Thomas Maltais. « On a bon espoir que nos discussions mènent à une collaboration entre nous. »