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Les grands tunnels ou abris non chauffés, fixes ou mobiles, permettent de devancer la saison de quelques semaines au printemps et de l’allonger à l’automne.
Lors des Journées horticoles de décembre dernier à Saint-Rémi, une série de conférences portait sur les abris non chauffés. Parmi les conférenciers, Mike Bollinger, de la River Root Farm en Iowa, présentait une nouvelle approche en horticulture : les tunnels mobiles. « Tout en prolongeant la saison de croissance, les tunnels mobiles augmentent les possibilités de marché et la rentabilité au mètre carré », soutient-il. Sous ces abris, les conditions environnementales et la lutte aux maladies et insectes sont contrôlés par le producteur. Bien que les tunnels fixes coûtent de 30 à 50 % moins cher, le retour sur l’investissement des structures mobiles se fait bien plus rapidement.
La possibilité de bouger l’abri permet de maintenir et d’améliorer la qualité du sol, notamment par l’accroissement de la matière organique, et d’éviter une hausse de la salinité dans le sol. Il faut préciser que l’abri est déplacé deux ou trois fois en cours de saison (voir le schéma). Cette façon de faire offre une grande flexibilité et permet d’effectuer des rotations de cultures. Ces dernières peuvent démarrer tôt au printemps et se terminer tard à l’automne. La qualité et le calibre des fruits et légumes produits s’en trouvent augmentés.
Avec des collègues ingénieurs et d’autres spécialistes, Mike Bollinger a développé différents types de tunnels mobiles vendus aujourd’hui par l’entremise de la compagnie Four Season Tools. Trois systèmes de glissement sont disponibles. Simple, le premier ressemble à un long ski sur lequel repose le tunnel. Tirés à l’aide d’un tracteur, les deux longs tuyaux glissent aisément sur le sol. Le deuxième système ressemble au premier, à une exception près : une roue en V s’insère dans un rail (tuyau) en forme de ski. Le troisième est plus complexe; il se déplace grâce à un système de rail, le V-Track. Ce système nécessite un ancrage au sol sur lequel on fixe un rail. Le tunnel s’installe ensuite sur le rail, et des roues en V permettent le déplacement rapide et sans effort de la structure. Une roue que l’on tourne manuellement déplace le tunnel. Le coût pour ce modèle (9 m x 15 m ) oscille autour de 7000 à 10 000 $.
Dans le tunnel, plusieurs cultures se côtoient. Et à l’intérieur, de petits tunnels peuvent être installés sur les cultures en rang et faire grimper la température de 2 et 6 °C supplémentaires. Évidemment, la gestion des cultures et des tunnels exige tout un apprentissage, mais cela vaut le coût, selon Mike Bollinger.
Le producteur Michel Jetté, de la ferme Mirabel, travaille lui aussi avec des tunnels. Producteur de légumes biologiques, il prépare 250 paniers de légumes bio par semaine et vend également à des grossistes. En tout, le producteur cultive 0,7 ha sous abri. Déjà, en 1987, il produisait des tomates et concombres de serre. En 2000, il installait une serre amovible puis des petits tunnels quelques années plus tard. En 2011, il a opté pour de grands tunnels (9,5 m x 30,5 m) multichapelles Tunnel Pro avec manivelles d’Harnois. Michel Jetté circule en tracteur dans ses abris. Pour ses tomates, il estime commencer sa production de trois semaines à un mois plus tôt et récolter jusqu’à trois semaines plus tard à l’automne.
Au Québec, les exemples de tunnels fixes ou mobiles se multiplient. Même s’ils exigent un investissement important, selon le modèle choisi, leur rentabilité semble assurée. Enfin, tous les intervenants et producteurs sont unanimes : la culture sous grand tunnel étale la saison de croissance et augmente la qualité des légumes et produits récoltés.