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Réaliser un bilan fourrager comporte plusieurs avantages. Celui-ci permet, entre autres choses, d’évaluer l’adéquation entre les besoins du troupeau et les fourrages disponibles. On peut ainsi savoir si les stocks de fourrages seront suffisants pour alimenter les animaux jusqu’à la prochaine récolte.
Le bilan fourrager permet aussi de mieux planifier les rations en fonction des exigences de chaque groupe de sujets (remplacement, vaches taries et en lactation). Il permettra donc d’évaluer les besoins en fourrage, de faire l’inventaire des stocks et de nourrir convenablement les animaux.
Même si l’exercice est important, il n’existe pas de façon unique de faire un bilan fourrager, comme le souligne Jean Brisson, conseiller stratégique chez Lactanet. « Il y a des producteurs de lait qui font déjà leur bilan fourrager de façon exceptionnelle », confirme M. Brisson. Pourtant, ils ne le font pas tous de la même façon et c’est très bien, dit-il, puisque l’important n’est pas tant la façon de le produire que les résultats que l’on peut en tirer pour les appliquer dans son troupeau. « Il y a autant de manières de le faire qu’il y a de producteurs », affirme-t-il.
Pas qu’un inventaire
Selon M. Brisson, un bilan fourrager ne doit pas se limiter à l’inventaire. Il doit aussi inclure la notion des lots d’ensilage. Il tiendra compte du système fourrager de la ferme : grosses balles, meules, silos verticaux, silos-couloirs ou silos presse (Ag-Bag). Le but ultime est de permettre les meilleures combinaisons d’ensilage possible pour le troupeau.
Comme le souligne M. Brisson, la quantité n’est pas la seule variable dont il faut tenir compte; il y a aussi la composition du fourrage qui sera servi au troupeau. « La notion de rendement est loin d’être banale », ajoute le représentant de Lactanet.
À la suite des première, deuxième et troisième coupes effectuées durant l’été, les producteurs se retrouvent avec différents lots. « Des championnes et des champions, dit-il pour décrire les productrices et les producteurs les plus assidus, vont compiler les résultats d’analyses de ces lots dans un fichier Excel et seront en mesure de faire les combinaisons de fourrages appropriées quand viendra le temps d’alimenter le troupeau. »
Comme toutes les coupes ne sont pas de qualité égale – et c’est encore plus vrai avec un été comme celui que l’on a vécu en 2023 –, on peut se retrouver, par exemple, avec une mauvaise ou une très bonne première coupe; même chose pour la deuxième et la troisième. « Si on met tout ça dans le même tas, ce ne sera pas facile de départager le meilleur du moins bon », explique le spécialiste.
Une façon simple
À l’ère du numérique, plusieurs seraient tentés de croire que la prise de données pour faire son bilan fourrager est quelque chose de compliqué. Jean Brisson réfute cette idée. Dans son travail de conseiller stratégique, il rencontre plusieurs producteurs qui utilisent un simple calepin et un crayon glissés dans la poche de leur chemise pour le faire. Ceux-ci vont noter le nombre de balles ou le nombre de boîtes récoltées et leur provenance.
Ces notes seront aussi utiles pour connaître le nombre de balles récoltées, leur poids, etc. Dans un silo vertical ou un silo-couloir, ce sera le nombre de portes ou la taille du silo qui deviendront la référence. Il sera alors facile de produire la combinaison de l’ensilage à partir des données recueillies dans chacun des lots en fonction de leur valeur nutritive. Donc, ajoute M. Brisson, le problème ne réside pas dans la façon de prendre les données, mais plutôt de les analyser.
Au lieu d’enfiler le boudin 1, le boudin 2 et le boudin 3 l’un à la suite de l’autre, le producteur qui veut offrir la meilleure combinaison possible à son troupeau sera en mesure de faire des mélanges plus appropriés. « Si le boudin 1 a un niveau de protéine très élevé, on pourrait le combiner avec le boudin 7 pour un meilleur équilibre », précise M. Brisson. On va alors mieux gérer la qualité du fourrage et aller chercher le meilleur de chaque balle récoltée, dit-il.
Des besoins différents
Les besoins en nutrition ne sont pas les mêmes pour une vache en lactation que pour un sujet de remplacement. « Si on fait une utilisation judicieuse des fourrages récoltés, on pourra utiliser le meilleur fourrage pour les vaches en lactation », souligne le spécialiste. En contrepartie, cela évite d’utiliser des fourrages de trop bonne qualité pour des sujets de remplacement. Une utilisation optimisée des fourrages assurera un meilleur rendement. « Certains producteurs le font déjà, mais d’autres n’ont pas encore vu l’intérêt de le faire, d’où l’importance d’un article comme celui-ci », ajoute Jean Brisson.
Une façon simple de déterminer le rendement d’un champ par un simple calcul consiste à prendre le nombre de balles, à le multiplier par le poids de chaque balle et à diviser ensuite le nombre obtenu par la superficie du champ.
La science permet aujourd’hui de mieux comprendre la santé des sols.
En conclusion, il est important de prendre régulièrement des notes pour constituer son bilan fourrager, mais surtout de bien les utiliser par la suite. L’idée, rappelons-le, est de toujours faire la meilleure combinaison possible.
Que ce soit pour la vache laitière, la chèvre et les bovins de boucherie, être en mesure de choisir l’ensilage le plus approprié n’a que des avantages, dit-il. En terminant, M. Brisson invite les producteurs à demeurer attentifs. Le MAPAQ et les Producteurs de lait du Québec annonceront bientôt une formation en salle sur les fourrages, offerte par un(e) conseiller(ère) agro et Lactanet.