Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
Après avoir équipé une usine au Témiscamingue plus tôt cette année, Yves Campeau est en train de livrer son plus gros système de transformation du soya à des agriculteurs de l’Estrie. Ceux-ci traiteront 24 tonnes de soya par jour, soit près de 8 000 tonnes par année, afin de produire du tourteau et de l’huile.
Il explique que l’huile de soya se vend présentement à 1 750 $ la tonne métrique ($/t) et le tourteau, à 710 $/t. Avec du soya acheté à 670 $/t, il dit que les profits au producteur sont l’équivalent d’environ 80 $/t de soya. « Le payback peut être aussi vite que 1,6 an, mais rarement plus que trois ans », calcule celui qui a vendu une quarantaine de systèmes de transformation du soya, dont certains modèles qui produisent de plus faibles quantités.
Le soya est le grain transformé par l’ensemble de ses clients, mais le canola pourrait aussi être employé. « On obtient 150 kilos d’huile par tonne de soya, tandis qu’avec le canola, ça coule presque deux fois plus d’huile. »
L’huile prometteuse
Si la production de tourteau se vend sans trop de problèmes, l’huile peut poser plus de défis. Mais le développement de la filière du biodiésel à base d’huile d’oléagineux, notamment par une entreprise québécoise, accroît les perspectives de vente d’huile, estime M. Campeau. « Avec le biocarburant, ça enlève un peu la crainte des producteurs de ne pas être capables de vendre leur huile. La machine pour faire du biodiésel est prête. On l’a roulée depuis un mois et ça marche bien. Il reste à la rouler trois mois de plus en continu pour être certain. C’est un carburant que les agriculteurs vont pouvoir utiliser dans leurs tracteurs. Il surpasse les performances du diésel standard. C’est un produit vraiment sur la coche. Ils pourront aussi le vendre, car il y a tellement une grosse demande pour le biodiésel par les compagnies de transport, qui veulent avoir une image plus verte », analyse-t-il.
Yves Campeau regarde les chiffres potentiels de la vente d’huile et demeure tellement convaincu de sa rentabilité qu’il envisage d’acheter lui-même l’huile de soya ou de canola des producteurs pour le transformer en biodiésel. Il croit que le temps est venu de créer une véritable filière de production d’huile à la ferme et envisage un modèle collaboratif avec les agriculteurs. « Je suis rendu à un niveau où je veux offrir un partenariat, comme un système clé en main, car les agriculteurs ont assez d’ouvrage; ils ne veulent pas s’en rajouter. Mon but est de fournir l’usine aux fermes. Elles vont produire et consommer le tourteau sur place et on s’occupera d’aller chercher l’huile, d’effectuer la maintenance de l’usine, et je pourrais même avoir du staff qui ferait une tournée quotidienne de chaque usine à la ferme. Ce serait un beau projet et moins de risques pour l’agriculteur », propose-t-il.
Le biodiésel à partir du soya, une tendance américaine
Le département de l’Agriculture des États-Unis s’attend à des hausses de production de biodiésel fabriqué à partir d’huile de soya. Ses dernières prévisions pour 2023-2024, publiées en octobre, faisaient état d’une production de 12,8 milliards de livres d’huile de soya destinés aux biocarburants, une hausse comparativement aux 12,5 milliards prévus par l’organisme plus tôt cette année. Environ 10,4 milliards de livres d’huile de soya ont été consacrés à la production de biocarburants en 2021-2022.