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Les sécheresses des deux dernières années soulèvent l’intérêt des producteurs de cultures de fruits et de légumes de transformation pour l’irrigation.
L’arrivée de Bonduelle au Québec coïncide avec l’intérêt pour l’irrigation dans les cultures de légumes de transformation. « Nous n’avons pas d’historique d’irrigation dans ces cultures, mais en Europe la plupart [d’entre elles] sont irriguées », lance Judith Lupien, directrice de la Fédération québécoise des producteurs de fruits et légumes de transformation (FQPFLT).
« L’irrigation permet d’augmenter le rendement. Cependant, notre plus gros problème, c’est la constance, la fiabilité de l’approvisionnement. On veut diminuer les écarts de rendement, et le recours à l’irrigation est une des solutions », précise Benoit Lalanne, directeur de l’usine Bedford Bonduelle Amérique du Nord.
L’introduction de la culture du haricot extra-fin, il y a quelques années, a favorisé l’irrigation. En fait, pour atteindre le potentiel tant du côté du rendement que de la qualité, l’irrigation fait toute la différence. Bonduelle a alors introduit le haricot extra-fin dans la région de Lanaudière, où l’on trouve des maraîchers et d’anciens producteurs de tabac équipés de systèmes d’irrigation. À la même période, chez la plupart des autres producteurs de légumes de transformation, la discussion portait plutôt sur les techniques d’évacuation rapide de l’eau des champs : le drainage souterrain et de surface.
Mais les étés secs et chauds qui ont accablé le Québec ces deux dernières années soulèvent de plus en plus l’intérêt des producteurs. « La saison 2011 a été désastreuse tant pour ses excès d’eau que pour son absence de précipitations. C’est la pire année vécue depuis 30 ans dans le pois », indique Judith Lupien. Et l’année 2012 n’aura guère été meilleure côté rendement. « Cet hiver, nous avons négocié dans le pois et le haricot des primes au rendement pour tenter d’augmenter les superficies sous irrigation et de motiver les producteurs à le faire. La prime est de 10 % dans le pois et de 5 % dans le haricot », spécifie-t-elle.
Mais la plupart des producteurs cultivant le pois sont aussi des producteurs de grandes cultures; en moyenne, ils consacrent de 20 à 40 hectares aux légumes de transformation. La majorité d’entre eux n’a jamais touché à l’irrigation et ne possède pas l’équipement nécessaire, ni de source d’eau à proximité.
Cette année, Bonduelle a transféré 200 hectares de culture de petits pois dans la région de Lanaudière chez des producteurs équipés d’un système d’irrigation. Évidemment, la distance à parcourir entre les usines de transformation de pois à Bedford ou à Sainte-Martine est plus grande. C’est pourquoi la récolte s’effectue de nuit. On tente ainsi d’éviter le trafic et les bouchons sur les ponts, car le délai de livraison aux usines doit être court.
Initiation à l’irrigation
Il faut de 50 à 60 jours de croissance pour les cultures de pois et de haricots. « On constate qu’il manque 2,5 cm d’eau par mois en mai, juin et juillet pour les cultures de pois et de haricots. Et cette année, le stress hydrique est encore plus grand », affirme Benoit Lalanne. Bonduelle a alors mis sur pied un essai d’irrigation à la Ferme Pierre Bouchard, à Verchères.
L’équipement choisi par Bonduelle est une rampe mobile à faible pression avec enrouleur. Une fois déployée au champ, la rampe fait 75 mètres de longueur. L’enrouleur a un tuyau de 420 mètres de longueur et tire la rampe vers lui. « Un système comme celui-ci permet d’arroser de 6 à 6,5 hectares par jour, donc une superficie maximale de 32 à 36 hectares si on veut revenir tous les quatre ou cinq jours », indique Benoit Lalanne.
Dans ce cas, l’approvisionnement en eau se fait directement dans le fleuve. Pour amener l’eau au champ, une pompe équipée d’un moteur de 200 HP pousse l’eau dans des tuyaux de 6 po de diamètre et sur une longueur de 1 km (plus de 250 sections de tuyaux). L’installation de l’équipement au printemps n’a pas été de tout repos : pose de la prise d’eau, assemblage des tuyaux et démarrage de la rampe ont exigé du temps et de la main-d’œuvre. Par ailleurs, Bonduelle estime que pour 2,5 cm d’eau, le rendement augmente dans le pois de 0,75 tonne. Lors du semis, l’irrigation favoriserait une levée plus uniforme. « À la ferme Pierre Bouchard, le coût total de l’équipement et de son installation est de 162 000 $. On estime le coût à 360 $/ha, auquel il faut ajouter 35 $/ha pour le diesel », spécifie Benoit Lalanne.
Malgré un léger retard dans le calendrier d’irrigation dû à la mise en route du système, les résultats obtenus laissent entrevoir un bon potentiel.
Résultats de l’irrigation à la ferme Pierre Bouchard
Pois : variété Lilmo
Coût de l’irrigation : 395 $/ha pour 2,5 cm d’eau
Augmentation de rendement : + 1,8 tonne/ha
L’irrigation à la ferme Jean Forest et fils
À Saint-Jacques-de-Montcalm, chez Pascal Forest, on cultive de génération en génération des légumes de transformation et des cultures maraîchères. L’irrigation fait alors partie de ses opérations quotidiennes. « Je suis convaincu de la pertinence de l’irrigation dans les cultures de légumes de transformation », indique Pascal Forest. On trouve des points d’eau à quelques endroits sur la ferme de 150 ha. Les systèmes d’irrigation lui étant familiers, Pascal Forest a investi cette année dans un enrouleur avec canon pour irriguer ses cultures maraîchères, mais aussi ses pois et haricots. « J’avais déjà la pompe et les tuyaux, l’enrouleur m’a couté 35 000 $. Je peux alors le déplacer et irriguer tous mes champs. Il faut deux personnes pour manipuler l’enrouleur », précise-t-il. Auparavant, des gicleurs installés sur des tuyaux couvraient le champ, mais ce type de système nécessite beaucoup de main-d’œuvre.
Portrait de l’irrigation dans le pois et le haricot en 2012
Les superficies totales sous cultures de transformation en 2012 :
Pois : 5260 hectares
Haricots : 2833 hectares
Maïs sucré : 3238 hectares