Fiscalité 10 novembre 2023

Les SCF Conseils se relèvent péniblement

La situation des SCF Conseils, un service de comptabilité et de fiscalité associé à l’Union des producteurs agricoles et à ses fédérations régionales, a retenu l’attention, ces dernières semaines, lors des assemblées générales annuelles tenues dans différentes régions. Parfois, c’était en raison d’insatisfactions des clients-agriculteurs et, d’autres fois, en raison d’une baisse importante de la rentabilité du service. 

« La pénurie de comptables s’étire et la pénurie de techniciens comptables aussi nous a fait très mal. On espère que cet épisode ne se répétera pas. On s’en relève péniblement », résume Alain Bélisle, directeur général par intérim du réseau des SCF Conseils. 

Délestage

L’an dernier, presque à pareille date, des lecteurs avaient contacté La Terre pour signaler que leur SCF Conseils accusait des retards majeurs dans la préparation de leur déclaration de revenus et cela leur causait différents problèmes. Alain Bélisle affirme que tout a été mis en œuvre, cette année, pour limiter les retards. Si très peu de retards auraient été constatés, le délestage nécessaire pour y parvenir a causé des irritants auprès de certains clients.

Pour être honnête, à peu près tous les SCF ont été pris pour délester, que ce soit seulement une dizaine de clients ou des centaines, reconnaît le directeur. On a priorisé de délester les dossiers non agricoles, mais ça n’a pas toujours été possible, et c’est certain que ceux qui ont dû partir ailleurs, et que ça leur coûte le double aujourd’hui, eux ils ne sont pas contents. Le plus haut niveau d’insatisfaction est là.

Alain Bélisle, directeur général par intérim du réseau des SCF Conseils

Il précise que le délestage serait du passé dans la majorité des régions.

M. Bélisle fait néanmoins valoir que les SCF Conseils demeurent populaires, et que la plupart ont une liste d’attente de clients. « Car souvent, ils ont une meilleure compétence en agriculture et sont moins dispendieux que les autres [bureaux de comptables].» 

Rentabilité éprouvée

La complexité du secteur agricole couplée au mouvement de personnel qui affecte globalement le milieu québécois de la comptabilité et de la fiscalité explique, selon lui, les nombreuses embauches et, par le fait même, la baisse de rentabilité de certains SCF Conseils. « Quand un comptable quitte ou prend sa retraite, et qu’il avait 100 dossiers, on perd ensuite beaucoup d’argent pour le remplacer, car un nouveau ne peut pas faire sa job au complet. Ça prend du temps et du soutien pour qu’il puisse connaître les plans conjoints, les programmes Agri, les inventaires d’animaux, de foin, etc. Et si, par malheur, il quitte dans l’année ou l’année suivante, en raison de la surenchère, ça fait mal. Mais ça va mieux, on est tous en train de se restaffer », assure Alain Bélisle.

Des finances redressées dans Outaouais-Laurentides

Avec la collaboration de Sophie Lachapelle

La Fédération de l’UPA Outaouais-Laurentides a connu d’importants enjeux financiers dus aux problèmes encourus par le SCF Conseils. Ceux-ci ont entraîné des pertes de 1 167 597 $ à l’exercice financier de 2022, tandis que l’exercice de 2023 s’est conclu sur un excédent de 3 863 $. Parmi les mesures prises, on compte une rationalisation du nombre de dossiers traités. L’organisation a aussi embauché une nouvelle comptable pour pallier l’absence des deux qui avaient quitté pour Lanaudière, instauré un suivi des heures consacrées par le personnel aux différents dossiers et conclu une entente avec la Mauricie et la Montérégie pour assurer la signature des états financiers par des comptables agréés, après les vérifications d’usage. « La situation est rétablie pour SCF Conseils. On pourra reprendre le développement », a déclaré Alain Bélisle en entrevue. Ce dernier précise que souvent, par le passé, les SCF étaient considérées comme « la vache à lait » des fédérations régionales, et quand ils font peu ou moins d’argent, les finances de la fédération écopent.

Douze embauches au Saguenay–Lac-Saint-Jean

Avec la collaboration de Caroline Morneau

Au service de comptabilité et de fiscalité de l’UPA du Saguenay–Lac-Saint-Jean, 12 embauches ont été effectuées dans la dernière année sur une équipe qui totalise aujourd’hui 23 employés. La directrice de la fédération régionale, Lise Tremblay, a expliqué avoir misé sur l’ajout de techniciens et de commis comptables capables de s’occuper de la paperasse et d’alléger le fardeau administratif des comptables agréés. Ces derniers, qui sont cinq, ont ainsi plus de temps à consacrer aux services-conseils aux producteurs. Notons toutefois que certaines recrues ne sont restées que quelques mois avant de démissionner. « L’an dernier, à pareille date, je vous disais qu’on avait une dure année. On avait eu beaucoup de départs à la fédération régionale et ça avait été difficile pour les employés qui étaient restés. On craignait aussi de les perdre, alors on a réinvesti beaucoup dans nos ressources humaines », a-t-elle soutenu, lors de l’assemblée générale annuelle de son organisation, le 24 octobre, à Saguenay. La directrice régionale a aussi indiqué que l’ajout de nouvelles ressources s’est reflété dans les états financiers de la fédération, qui affichent un déficit de 250 000 $ en 2023.