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Le travail est une valeur importante en agriculture. Toutefois, ne vivre que par le travail peut avoir des conséquences néfastes sur la santé physique et mentale. À la suite d’un épuisement, M. Martin a revu complètement ses priorités. Rencontre avec un homme profond et inspirant.
La ferme de M. Martin a vu le jour il y a plusieurs générations. Son père a exercé une grande influence dans sa vie. « Mon père me poussait à travailler, il fallait toujours que je fasse partie de ses projets. On ne parlait que de la ferme. » M. Martin a poursuivi sa vie avec la survalorisation du travail. Tout son temps y passait. Il a cessé de voir ses amis, il ne prenait pas de temps pour lui-même et allait toujours à « 100 miles à l’heure ». « Je faisais 100 heures par semaine. J’étais rendu comme un cheval de trait avec des œillères et 1 mm pour voir. Je me sentais valorisé par le travail, c’était comme une dépendance. »
Puis, son corps s’est mis à lui parler. « J’ai commencé à avoir des étourdissements, mon système digestif était débalancé, je ne dormais presque plus, j’étais épuisé, pu capable. » Les conséquences négatives du stress dans sa vie sont devenues plus apparentes. « J’avais un niveau de stress tellement élevé que j’ai failli perdre la vue, ma pression était trop haute, sans compter l’apparition du diabète et du cholestérol. » Lors d’un voyage outre-mer, ça a été la goutte qui a fait déborder le vase. « J’étais épuisé et le voyage a augmenté mon stress à 110 %. J’étais rendu trop bas, ma femme ne voulait plus me laisser seul, car j’avais des idées suicidaires. »
À leur retour, sa conjointe lui a donné un ultimatum : il fallait que ça change, car il était rendu trop bas. Il a décidé de se prendre en main, et c’est alors qu’il a communiqué avec Au cœur des familles agricoles (ACFA). « J’étais en crise d’angoisse et l’homme qui a répondu m’a aidé avec la respiration. » Par la suite, il a consulté d’autres professionnels, dont un psychologue en milieu agricole et son médecin, qui l’a dirigé vers une travailleuse sociale. « Le psychologue m’aidait pour parler de ce que je vivais et la travailleuse sociale me donnait beaucoup d’outils pour travailler sur moi. » M. Martin a arrêté de travailler pendant quatre mois afin de prendre soin de lui. Ça lui a permis de décrocher de la ferme. Il a pris le temps, entre autres, d’aller quelques jours à la pêche pour prendre du repos et du recul.
Sa conjointe a doucement vu les changements s’opérer chez son mari. « Il fallait que ça change, raconte-t-il, car j’étais en train de mourir à petit feu. Je ne veux plus jamais être comme avant. J’ai changé complètement ma vie, je mets mes limites, je me mets en premier et j’apprends à dire non. » Aujourd’hui, il est fier d’être en santé. Il continue d’utiliser les outils proposés par sa travailleuse sociale (la méditation et la cohérence cardiaque), et il ne prend pas d’alcool. Il pratique le vélo et la moto. Il veut avoir du fun dans la vie. « J’ai découvert que je pouvais profiter de mon argent; ça ne donne rien de ‘‘canner’’. » Il a également déménagé loin de la ferme et cela lui permet de décrocher plus facilement.
Il fait maintenant du mentorat auprès des jeunes entreprises. Il veut partager son expérience et son savoir afin que les gens aillent mieux. Les messages qu’il a à transmettre aux producteurs sont porteurs d’espoir. « Si tu tombes dans la détresse, faut en parler. Il y a beaucoup de personnes qui souffrent de dépression et ça peut t’amener loin. Faut enlever la honte. Le meilleur investissement, c’est investir sur soi. Faut prendre du temps pour soi, prendre le temps de prendre le temps. Une vie, on en a qu’une. »
Besoin d’aide?
Si vous avez des idées suicidaires ou si vous êtes inquiet pour un de vos proches, contactez le 1 866 APPELLE (1 866 277-3553). Un intervenant en prévention du suicide est disponible pour vous 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Pour l’aide d’un travailleur de rang, contactez le 450 768-6995 ou par courriel [email protected].