Pommes de terre 26 octobre 2023

Québec Parmentier se place à l’abri de ses créanciers

Le regroupement de producteurs de pommes de terre Québec Parmentier, qui doit plus de 64 M$ aux quatre coins de la province, s’est placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers de compagnies (LACC), le 10 octobre.

Dans un courriel, Québec Parmentier a précisé à La Terre que la décision de se placer sous la protection de la LACC « s’inscrit dans le cadre d’une restructuration corporative stratégique de l’organisation dans une démarche amorcée l’an dernier et qui vise à optimiser [ses] activités et générer une vision de croissance ». La directrice des services administratifs, Béatrice Rascle, a aussi mentionné que deux fermes situées au Témiscamingue et en Outaouais seront liquidées. « Ces deux fermes compléteront leur production respective […] pour la saison et une liquidation ordonnée et graduelle des activités aura lieu cet automne. Un plan d’accompagnement sera déployé pour soutenir les employés impliqués par cette orientation », a-t-elle écrit. Québec Parmentier entend finalement « mettre tout en œuvre pour limiter les impacts […] pour ses fournisseurs d’intrants agricoles ». 

Spécialisée dans la production de pommes de terre, Québec Parmentier regroupe plus de 25 familles d’agriculteurs à l’échelle de la province. La production annuelle de ce regroupement se chiffre à 300 millions de livres de patates par année. 

Créanciers

Parmi les créanciers garantis se trouvent entre autres la Caisse Desjardins de la Rive-Nord du Saguenay (21,8 M$), Financement agricole Canada (20,4 M$), Investissement Québec (3,6 M$) ainsi que la RBC (2,3 M$). 

La liste des créanciers publiée par le contrôleur au dossier, Pierre Marchand, de la firme de conseillers en faillite MNP, fait état de sommes dues à plus de 200 entreprises, dont des fermes et des coopératives de Lanaudière, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de l’Outaouais, de la Montérégie, du Bas-Saint-Laurent et de l’Abitibi-Témiscamingue, notamment. Québec Parmentier doit plus de 4,3 M$ à ces créanciers non garantis. 

Nouvelle usine d’emballage

De passage à la nouvelle usine d’emballage de la filiale Propur, le 25 octobre, La Terre a pu constater que les activités semblaient se dérouler normalement. L’un des employés rencontrés sur place, qui a préféré ne pas être nommé, a dit que ses collègues et lui n’étaient pas inquiets de la situation, ajoutant que le « carnet de commandes est toujours plein » à l’usine de Saint-Ambroise, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui a été inaugurée en août. Les problèmes, selon lui, concernent surtout d’autres régions.

Joint au téléphone, un producteur de pommes de terre du Saguenay, qui a aussi préféré garder l’anonymat, a, pour sa part, témoigné de l’inquiétude généralisée de plusieurs de ses confrères. Il estime que la situation financière de Québec Parmentier n’augure « rien de bon pour l’économie locale » et qu’il ne faut pas « se mettre la tête dans le sable », parce que « ça aura certainement des répercussions directes ou indirectes » sur la distribution et la mise en marché des légumes.