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L’Équipe québécoise de contrôle des maladies avicoles (EQCMA) et la Fédération des producteurs de porcs du Québec (FPPQ) donnent actuellement des formations sur la biosécurité à la ferme. L’Utili-Terre a assisté à l’une de ces formations en mars dernier, à Drummondville. Avec certaines adaptations, les mesures pourraient s’appliquer à tous les types d’élevage. En voici quelques-unes.
Les précautions des producteurs
Les éleveurs connaissent les programmes de biosécurité qui sont en place dans l’industrie et qui reposent sur le système HACCP (Analyse des risques et maîtrise des points critiques). Les formations en cours complètent ces programmes. Elles visent à empêcher la propagation des microbes qui causent des maladies pouvant aller jusqu’à décimer entièrement un élevage. Ce sont notamment les maladies animales à déclaration obligatoire (MADO).
Une MADO, comme l’influenza aviaire, la pullorose, la typhose ou la forme virulente de la maladie de Newcastle, peut être dévastatrice pour tous les maillons de l’industrie avicole. L’EQCMA, qui rassemble les trois regroupements de producteurs avicoles du Québec (volailles, œufs de consommation et d’incubation), les associations de transformateurs, les vétérinaires et les autorités gouvernementales comme l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) et le MAPAQ, vise justement à prévenir ce genre d’épidémie. Elle a élaboré un plan d’urgence qui passe par une ligne téléphonique d’urgence (1-88-VOLAILLE), du matériel d’intervention (35 trousses d’urgence), des sessions de formation et des assistants aux producteurs.
L’EQCMA élabore des protocoles de biosécurité pour les producteurs et les employés à la ferme, pour les visiteurs et pour les véhicules de service. Par exemple, elle conseille d’avoir des combinaisons en tissu ou jetables, des bottes de caoutchouc ou jetables et des bonnets jetables dans chaque poulailler. Elle suggère de fournir un pulvériseur de jardin à compression pour désinfecter les véhicules arrivant à la ferme ou les outils et équipements entrant dans les bâtiments. « Ce serait bien d’aménager un espace de stationnement le plus loin possible des bâtiments d’élevage, et en particulier des sorties d’air », suggère aussi le Dr Ghislain Hébert, vétérinaire et coanimateur de la formation.
À l’entrée des bâtiments d’élevage, l’aire de transition délimitée par une ligne rouge (où l’on endosse les vêtements de protection) doit être nettoyée tous les jours et suffisamment grande. « Elle est parfois inexistante dans les faits, tellement elle est peu entretenue », souligne le Dr Hébert. On y aura une poubelle pour recueillir bottes, gants, combinaison et bonnet jetables.
Les visiteurs
Le visiteur (vétérinaire, conseiller technique, auditeur, exterminateur, vaccinateur, attrapeur d’oiseaux, personnel d’entretien) portera aussi des vêtements de protection. L’EQCMA lui recommande de laver son véhicule chaque semaine. « J’ai un sac étanche, solide et lavable où je dépose ma combinaison au départ d’une ferme », dit le Dr Hébert.
Des protections s’appliquent aux véhicules de service (transporteurs d’oiseaux, livreurs de poussins, de moulée, de litière ou de propane, équarisseurs, etc.). Parmi celles-ci : éviter les flaques d’eau, la boue et le fumier; laver le camion chaque semaine; désinfecter les remorques pour le transport des oiseaux après chaque livraison.
Quoi faire en cas d’urgence
Le producteur qui soupçonne une maladie grave contactera sans délai un vétérinaire qui, s’il pense avoir affaire à une MADO, avisera l’Agence canadienne d’inspection des aliments. Si la maladie est confirmée, l’ACIA confinera la ferme et détruira, s’il le faut, tous les animaux du troupeau et parfois ceux des fermes avoisinantes qui risquent d’avoir été contaminées. « L’Agence prend le contrôle; les agriculteurs ne sont plus chez eux », explique l’agronome Martin Pelletier, coordonnateur de l’EQCMA et l’un des deux animateurs de la formation.
Le producteur devrait également aviser l’EQCMA. Il bloquera l’accès au site d’élevage et annulera toute visite non essentielle. Seules les visites indispensables (vétérinaire, moulée ou propane) seront permises, avec un véhicule propre. Elles se feront en présence du producteur ou de l’employé. Enfin, le visiteur endossera des vêtements jetables : masque, bonnet, lunettes de protection, gants puis couvre-bottes (à l’intérieur de la zone tampon s’il y en a une, sinon dans l’entrée du poulailler).
Le visiteur ajoutera aussi à ses vêtements de protection un masque jetable, des lunettes, une deuxième paire de couvre-bottes, un pulvériseur avec désinfectant, etc. Dès son retour chez lui, il se douchera et lavera vêtements et chaussures. Il évitera tout contact avec d’autres volailles et toute autre visite de ferme avant au moins 48 heures. Il lavera son véhicule. Vous trouverez sur notre page Web une séquence vidéo sur ce sujet.
Un intermédiaire bien apprécié
« L’ACIA apprécie beaucoup les initiatives de l’EQCMA visant à sensibiliser les partenaires de l’industrie avicole à leurs rôles et responsabilités lors d’une intervention d’urgence en santé animale », affirme la Dre Sonja Laurendeau, vétérinaire et spécialiste des maladies animales exotiques et des mesures d’urgence pour cette agence. « En connaissant bien les activités d’intervention de l’ACIA sur le terrain en cas de MADO, les partenaires avicoles peuvent développer leur plan d’urgence en tenant compte des impacts touchant leur secteur. L’objectif est d’agir de façon concertée pour gagner en efficacité. »
Biosécurité porcine
La FPPQ, en collaboration avec l’Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière (AQINAC), propose elle aussi des formations en biosécurité. « C’est un projet rassembleur pour toute la filière porcine et qui s’inscrit dans les objectifs de la FPPQ de réduire les coûts de production », dit Nathalie Hansen, directrice du service des communications à la FPPQ. Le programme de deux ans se terminera à la fin de 2012. D’ici là, les propriétaires de 1800 sites auront reçu la formation.
« Au terme de l’exercice, les producteurs s’engagent à apporter des changements en matière de biosécurité en modifiant au moins deux de leurs pratiques », précise Mme Hansen. Ajoutons que la FPPQ a publié une affiche sur la prévention et le signalement des maladies exotiques.Les mesures de biosécurité décrites dans ces formations sont basées sur le programme AQC. Elles comportent quelques nouveautés, telle la signalisation de la « zone de biosécurité », et un contrôle accru concernant la provenance des porcs vivants, de la semence et des embryons, le transport des animaux, des fumiers et lisier, des cadavres et déchets, ainsi que la propagation aérienne potentielle des microbes.
Par ailleurs, l’agronome Martin Pelletier travaille également à l’élaboration d’un plan de mesures d’urgences pour cette fédération.
Enfin, des normes de biosécurité nationales sont en voie d’élaboration pour les bovins laitiers et de boucherie, les caprins et les ovins, qui compléteront les programmes de salubrité des aliments à la ferme déjà en place.