Balado 10 octobre 2023

La main-d’œuvre en agriculture, un enjeu constant

La question de la main-d’œuvre agricole est sur toutes les lèvres depuis quelques mois, notamment en raison du manque de travailleurs. L’animateur du balado Le son de la Terre, Vincent Cauchy, a rencontré la directrice générale d’AGRIcarrières, Geneviève Lemonde, pour discuter des enjeux entourant la main-d’œuvre, locale comme étrangère, en contexte agricole.

Q   Quel est l’état de la situation en matière de main-d’œuvre dans le monde agricole?

R   Le constat, présentement, c’est que ça va bien pour certaines entreprises, mais beaucoup moins bien pour d’autres. Dans les modèles d’entreprises, il y en a de très grandes qui font affaire avec un large bassin de travailleurs étrangers, mais il y en a d’autres, plus petites, qui réussissent à se démarquer rapidement par des modèles d’affaires différents. Il y a de plus en plus d’entreprises avec des modèles de type coopératifs, sinon dans le bio ou avec de bonnes pratiques agroenvironnementales intéressantes pour les consommateurs et les travailleurs. Ce sont des éléments qui attirent les travailleurs vers les missions de ces entreprises, et celles-ci en reçoivent, des CV. À l’inverse, il y en a d’autres, parfois en région un peu plus éloignée, qui ont des modèles un peu moins attractifs, plus « traditionnels », qui ont une liste de candidats généralement un peu plus courte. Le portrait n’est pas pareil partout.

Q   En rétrospective, est-ce qu’il y a eu des effets positifs de la COVID en matière de main-d’œuvre?

R   Je dirais que ça a mis l’agriculture sur la carte, côté emplois. Les gens ont réalisé qu’il y avait des ouvertures même sans être une relève ou sans avoir de la famille en agriculture ou quelque chose comme ça. Il y a plein d’emplois disponibles. Ç’a peut-être servi à décloisonner le milieu agricole.

Q   Est-ce que le nombre de travailleurs locaux a diminué depuis la fin de l’appel au champ entendu pendant la pandémie?

  Dans la région montréalaise, avec notre service Agrijob, la croissance ne s’est pas essoufflée. On a beaucoup de travailleurs qui sont arrivés avec la pandémie et qui sont restés. La moyenne d’âge a diminué. On a vu des enfants venir rejoindre leurs parents. Il y en a, de la main-d’œuvre d’ici qui est disponible et à qui ça tente. En même temps, on voit de bons chiffres dans les programmes scolaires. On n’a pas des cohortes volumineuses parce qu’il y en a dans beaucoup d’établissements au Québec, mais la production animale, la production horticole, les cours, ça fonctionne. Les cohortes partent, ce qui est bon signe. De notre côté, on est en contact avec les maisons d’enseignement et les entreprises pour qu’il y ait plus de portions de stages rémunérés.

Q   Qu’est-ce qu’Agrijob exactement?

R   C’est un service d’AGRIcarrières, mais qui est financé par Services Québec, qui a un petit bureau à Montréal, sur Jean-Talon. On recrute des travailleurs qui sont sur l’île de Montréal, donc des travailleurs locaux, mais issus de plusieurs nationalités, bien sûr, pour aller travailler dans des fermes avoisinantes, en Montérégie, dans Lanaudière et dans les Laurentides. On organise leur transport à la ferme. Donc, ils partent le matin et reviennent le soir à Montréal. Ce service-là est en pleine effervescence. Au cours de l’été, beaucoup de réfugiés sont débarqués à Montréal avec des permis de travail et ils ont de l’expérience en agriculture dans leur pays. Ils veulent travailler ici, au Québec. En fait, on ne manque pas de travailleurs à Montréal, mais on manque presque d’entreprises pour combler tous les ­travailleurs qui aimeraient travailler.

Écoutez l’entrevue complète avec Geneviève Lemonde à l’adresse laterre.ca/balado pour en apprendre plus sur d’autres initiatives agricoles en matière de main-d’œuvre.