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Même si le ministère de l’Environnement a accepté de réviser les normes d’élevage de bisons, le producteur Jasmin Théberge, de Normandin, au Lac-Saint-Jean, pourrait bien devoir se résoudre à vendre une partie de son cheptel. C’est que la modification du règlement en lien avec les déjections animales n’est pas prévue avant 2025. Il s’expose donc à de nouvelles amendes importantes. « J’en ai déjà reçu une de 5 000 $ et elles augmentent chaque fois, dit le propriétaire de la Ferme Junique. Je ne peux pas payer ça. »
Cette future modification du règlement fait suite à une requête de révision des données sur les déjections des bisons de la part de l’Union québécoise du bison et de l’Union des producteurs agricoles. L’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA) s’est penché sur la question à partir de 2017. « Ils se questionnaient sur le calcul du niveau de phosphore qui différait entre Québec et le reste du Canada, où le chiffre était beaucoup plus faible », dit Stéphane Godbout, chercheur à l’IRDA. Au Québec, le niveau était estimé à environ 25 kg de pentoxyde de phosphore (P2O5) par animal par an.
Pour en avoir le cœur net, l’IRDA a procédé à une étude sur deux ans, été comme hiver, avec 470 analyses. Conclusion? Le niveau de P2O5 est à 9 kg par animal par an. Les résultats de l’étude ont été soumis au ministère de l’Environnement, qui a accédé à la demande de correction. « Ce changement va aider l’ensemble des éleveurs de bisons du Québec », estime la présidente de la Fédération des éleveurs de grands gibiers du Québec, Raymonde Garant. Le ministère n’a fourni aucune explication à La Terre pour justifier l’attente jusqu’en 2025 avant de modifier le règlement.
Ce long délai préoccupe Jasmin Théberge. Actuellement, si le propriétaire de 450 bisons veut se conformer à la règle en vigueur, il ne devra conserver que 250 bêtes, ou encore investir 200 000 $ dans son aménagement pour répartir les bêtes sur sa terre. « Mais les marges sont faibles dans le bison. Ce ne serait pas possible de faire ça, assure-t-il. On s’entend, ce n’est pas mon genre d’être dans l’infraction. Je suis aussi producteur laitier depuis trois générations. On a toujours été en règle. »
La production de bisons, dans laquelle il s’est lancé en 2017 en rachetant l’entreprise d’un voisin, était à la base une manière de diversifier ses actifs. Mais il s’est pris d’affection pour ces animaux. « C’est rustique, ils ne sont jamais malades et ils n’ont besoin d’aucune aide pour mettre bas, décrit-il. Et quand on arrive sur les terres avec les bisons, c’est comme entrer dans un autre monde. C’est magique! Moi, je ne prends jamais de vacances. C’est ça, mes vacances. Mais il faudrait quand même que je rentre dans mon argent. »