Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
DESCHAMBAULT-GRONDINES – La transition imposant aux producteurs d’œufs d’abandonner les logements traditionnels pour des logements de type volière ou enrichi d’ici 2036, tel que l’impose la dernière mouture du code de pratiques pour le soin et la manipulation des poules pondeuses, a motivé différents chercheurs à explorer les effets qu’ont ces changements sur la productivité des troupeaux, la santé des poules ou encore sur l’environnement. En parallèle, l’attention d’une chercheuse de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec s’est arrêtée sur un sujet tapi dans l’ombre de la production : la santé des travailleurs.
« C’est un aspect qui n’est pas abordé dans le nouveau code de pratique; mais on sait que les travailleurs en poulailler présentent fréquemment des symptômes [respiratoires] aigus ou chroniques reliés au travail, ou une diminution des fonctions respiratoires après une journée à la ferme. C’est documenté et c’est pour ça que ça nous a intéressés », expose la Dre Caroline Duchaine, professeure au Département de biochimie, de microbiologie et de bio-informatique de l’Université Laval et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les bioaérosols. Son équipe a donc obtenu un financement de l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité au travail pour évaluer comment ce changement pouvait affecter la santé respiratoire des travailleurs.
Défi de recrutement
La chercheuse s’est toutefois heurtée au défi de recruter un nombre suffisant de producteurs d’œufs acceptant de participer à l’étude. La question du temps est évoquée pour expliquer cette embûche, mais également celle d’un certain tabou entourant l’aspect des contaminants présents dans les poulaillers.
La chercheuse mise toutefois sur l’approche multidisciplinaire du projet « Une seule santé » sur les poules pondeuses, qui implique des chercheurs de différents champs d’études, pour l’aider à avoir « un crochet » pour intéresser davantage les producteurs avicoles. « Car quand on leur parle de la santé de leurs animaux ou de performance du troupeau, ils sont toujours intéressés. Mais quand on veut parler de leurs symptômes respiratoires, on réalise que c’est environ le numéro 423 dans sa liste de priorités », observe-t-elle.
Ce projet collaboratif est parmi les premiers du genre au Québec, selon les chercheurs qui y contribuent. Ceux-ci prévoient produire, d’ici deux ans, un bilan qui compilera leurs résultats de recherches. D’ailleurs, ce premier volet sur les poules pondeuses pourrait éventuellement être élargi aux secteurs porcin, laitier et de la volaille.
La conférence de Mme Duchaine s’inscrivait dans un panel de discussion tenu dans le cadre des 25 ans de l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA). L’événement a eu lieu 21 septembre au site de recherche de l’IRDA de Deschambault-Grondines, dans la région de Québec.
La science pour trouver des solutions
Hausse des poussières et de certains gaz comme l’ammoniac, baisse de la productivité des poules en raison de divers facteurs, dont les maladies, plus d’émissions de contaminants dans l’environnement sont quelques contrecoups des nouvelles exigences en matière de bien-être animal, qui impose des logements donnant plus d’espace et de liberté aux oiseaux dans les poulaillers. Pas question, toutefois, de revenir en arrière, a répondu Martine Boulianne, vétérinaire à l’Université de Montréal, lorsqu’un des participants à la conférence organisée par l’IRDA lui a demandé si l’industrie faisait fausse route en se pliant aux pressions des consommateurs en matière de bien-être animal. « C’est vrai que la population est de plus en plus urbaine et qu’elle comprend peut-être moins bien la réalité de la production animale. Mais il ne faut pas non plus avoir peur de se remettre en question. C’est aussi le rôle de la science d’observer ce que ces changements impliquent et d’apporter des solutions aux éleveurs », a-t-elle spécifié.
Qu’est-ce que l’approche « Une seule santé »?
Selon l’Organisation mondiale de la santé animale, le concept « Une seule santé » (One Health), connu depuis plus d’un siècle, repose sur l’idée que la santé humaine, la santé animale et la santé végétale sont interdépendantes et liées à celle des écosystèmes dans lesquelles elles existent. Il s’agit d’une approche collaborative de l’ensemble de la société qui est souvent utilisée pour coordonner les efforts multisectoriels de prévention, de préparation et de réponse aux maladies zoonotiques, par exemple.
Source : OMSA