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MONT-BRUN – Alors que la sécheresse sévit depuis le printemps en Abitibi-Témiscamingue et que plusieurs n’ont pu faire la deuxième coupe de foin, les agriculteurs sont toujours en attente de signaux clairs de Québec. Ils espèrent être compensés à la hauteur de leurs attentes, alors qu’ils anticipent déjà que la situation hypothéquera les années à venir.
Depuis 1936, les Migneault sont des figures de proue de l’élevage bovin à Mont-Brun, municipalité située à une quarantaine de kilomètres de Rouyn-Noranda. Jamais les ancêtres de Geneviève Migneault, troisième génération à vivre d’agriculture depuis la colonisation, n’ont vu une saison aussi catastrophique. La copropriétaire de la Ferme Complémenterre montre du doigt le gel hivernal qui n’a pas été pris en compte dans les calculs de La Financière agricole du Québec (FADQ).
Cette dernière s’est résolue à aller faucher à plus d’une centaine de kilomètres de chez elle, près d’Amos. « On est allés faire du foin à 1 h 30 de chez nous. Et on était au mois d’août, donc il n’y avait plus aucune qualité », poursuit celle qui évalue qu’elle devra se procurer « entre 2 000 et 2 500 balles » à l’extérieur de la région pour un foin de qualité moindre, alors que la deuxième coupe rime normalement avec taux de protéines et de nutriments favorables à l’engraissement.
L’industrie laitière aussi touchée
La productrice laitière Camille Allen, de la Ferme Daclau, vend normalement une centaine de balles de foin à Geneviève Migneault. Pour la première fois depuis 1941, elle n’aura pas de surplus à écouler. Camille Allen évalue le manque à gagner à 110 tonnes d’ensilage et à 200 balles rondes. Les récoltes, aussi d’une moindre qualité, devrait permettre de couvrir seulement cinq mois de production, évalue-t-elle.
« La production laitière est beaucoup basée sur la protéine et l’énergie des fourrages. D’habitude, je teste à 19 % de protéines; là, je suis à 12-13 %. Il va falloir que j’achète beaucoup de suppléments pour que ma production laitière reste la même », calcule l’agricultrice, qui a investi l’année dernière dans une étable robotisée toute neuve avec l’idée d’augmenter la production. « C’est le pire scénario. On envisage d’acheter du foin, mais on n’a pas de liquidités. »
Pour le président régional de l’Union des producteurs agricoles, Pascal Rheault, l’année désastreuse vécue de manière particulièrement aiguë en Abitibi-Ouest et dans la MRC de Rouyn-Noranda, appelle à des modifications des programmes de compensations de la FADQ dans le contexte des changements climatiques. « Les programmes ne peuvent pas répondre à des saisons catastrophiques comme celle qu’on vit », clame-t-il, précisant que plutôt que de se fier à des données brutes souvent comptabilisées trop loin des fermes, on devrait déléguer davantage de personnel sur le terrain pour mieux tenir compte des dommages réels.
Le hasard a voulu que cette sortie médiatique survienne au lendemain de la publication d’un communiqué de presse de la Financière annonçant son soutien aux producteurs de la région. « C’est très sommaire; il n’y a rien de précis », soutient M. Rheault. Les producteurs ont besoin de chiffres précis pour prendre des décisions éclairées. Il n’y a pas de signaux clairs qu’ils vont avoir assez d’argent au niveau des liquidités. »