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Même si le prix du carburant est souvent évoqué pour justifier les augmentations de tarifs refilées aux clients, la hausse spectaculaire des primes d’assurance que doivent éponger les déneigeurs ces dernières années représentent un facteur non négligeable dans le phénomène.
En 2022, l’Association des déneigeurs résidentiels et commerciaux du Québec (ADRCQ) notait la difficulté grandissante des déneigeurs à s’assurer, en raison de l’abandon de ce marché par les compagnies d’assurance, et une augmentation des primes de 35 % au cours des deux dernières années.
L’ADRCQ a même entrepris des démarches auprès de compagnies d’assurance afin de développer un produit spécifique pour ses membres, mais sans succès. « Dès qu’elles commençaient à regarder les chiffres, on n’avait plus de nouvelles », souligne Annie Roy, directrice générale de l’ADRCQ.
Même si les entrepreneurs en déneigement contactés affirmaient qu’il ne restait plus que deux assureurs au Québec pour desservir leur industrie, un courtier a nuancé le portrait tout en reconnaissant que le bassin de joueurs devenait de plus en plus restreint.
En revanche, il corrobore la tendance des primes à la hausse. « Les assureurs sont plus réticents auprès de ce marché parce qu’au niveau de l’assurance responsabilité civile, les contrats prévoient de couvrir les dommages matériels à des tiers, mais aussi à tout ce qui est lié aux frais de défense en justice. Et la réalité, c’est que le nombre de poursuites auprès des déneigeurs a explosé dans les dernières années », poursuit-il.
Déneigeur depuis plus de 25 ans en milieu rural en Mauricie, Bertrand Cloutier compose avec ces hausses de prime même s’il n’a pas fait de réclamation depuis 8 ans. « Je crois qu’en ville, les entrepreneurs embauchent des gens sans expérience qui accrochent bien des choses et nous autres, on paie au final pour ceux qui brisent. »
Benoit St-Germain estime plutôt que la hausse des primes réclamées aux entreprises en déneigement est directement reliée au montant des dommages qu’ils causent. « Un bâtiment coûte entre 40 et 50 % plus cher aujourd’hui à construire qu’il y a quatre ans. Alors quand tu l’endommages, c’est entre 40 et 50 % plus dispendieux à faire réparer », souligne-t-il.
Il y a aussi le phénomène des clients qui ont la gâchette de plus en plus facile sur les mises en demeure et les déneigeurs qui, autrefois, tentaient de s’entendre à l’amiable, et qui confient maintenant leur dossier à leur assureur parce qu’ils n’ont pas le temps de s’en occuper. « Il fut un temps où les gens acceptaient la possibilité d’avoir des dommages dans les opérations de déneigement. Ils appelaient quelquefois l’entrepreneur pour l’informer. Et certains déneigeurs, pour garder leur nom, venaient réparer les dommages à leurs frais. Mais aujourd’hui, la réalité, c’est que les déneigeurs sont poursuivis deux fois plus et que les dommages qu’ils causent sont deux fois plus chers que dans le passé », termine Benoit St-Germain.