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Depuis quelques années, on redécouvre les propriétés nourricières de la forêt, et nombreux sont les propriétaires forestiers qui saisissent l’occasion d’exploiter les ressources comestibles de leur exploitation. Bien avant eux, les Autochtones trouvaient à se nourrir parmi les végétaux de la forêt, et les premiers Européens arrivés dans la vallée du Saint-Laurent ont vite découvert les propriétés nourricières des étendues sauvages du Québec.
Et voilà que de nombreux propriétaires de forêt ont entrepris d’exploiter ces ressources comestibles pour les offrir aux cueilleurs professionnels ou amateurs, aux consommateurs jeunes et moins jeunes qui en sont de plus en plus friands : têtes de violon, noix nordiques, petits fruits sauvages, épices sauvages et la grande vedette, les champignons forestiers.
« Au départ, on parlait principalement des champignons, mais maintenant, on peut intégrer une foule d’autres végétaux, si bien qu’il faut adopter un terme plus large et parler des comestibles forestiers », explique Patrick Lupien, coordonnateur de la Filière mycologique de la Mauricie.
Ainsi, dans presque toutes les régions, des propriétaires de forêt privées lancent des projets, développent des cultures, essaient de nouvelles techniques pour exploiter ces comestibles. Les initiatives se multiplient dans la foulée de la mobilisation des organismes régionaux, des coopératives, des entreprises, et des propriétaires autour de l’exploitation des ressources forestières comestibles.
Le Festival des champignons forestiers du Kamouraska, Myco, le rendez-vous de la gastronomie forestière en Mauricie, des formations pour cueilleurs professionnels, des activités de cueillette en forêt doublées d’ateliers de gastronomie dans la plupart des régions, des menus de restaurants qui proposent des végétaux de la forêt… c’est toute une économie qui s’est développée autour des comestibles forestiers.
Tirer profit des efforts investis
Pendant plus d’une décennie, les efforts ont été consacrés à stimuler la demande, à développer le marché. Pour les propriétaires forestiers, c’est le moment d’en tirer profit.
Et plusieurs le font, comme Martin Laflamme, qui s’est lancé dans l’aventure de la culture de genévriers, dont les baies entrent dans la production du gin, sur une partie de sa terre à bois de plus de 15 hectares dans la petite municipalité de Sainte-Ursule en Mauricie. Il raconte s’être lancé dans cette production émergente après avoir perdu 40 % de sa plantation de pins rouges sous le poids de la neige en 2018.
« J’ai contacté la Filière mycologique pour savoir ce que je pourrais essayer de développer et de transformer localement. Comme il y a deux distilleries dans notre secteur, on a discuté avec leur responsable et j’en suis venu à la conclusion que j’avais là un filon intéressant à exploiter. »
Martin Laflamme a donc planté 300 arbustes qui ne seront productifs que dans quelques années. Il a également mis une petite superficie de sa forêt à la disposition d’une équipe de chercheurs de l’Université Laval qui étudie la croissance de pins à pignons inoculés avec du mycélium de champignons bolets.
« J’ai cinq acres de forêt qui sont disponibles pour faire toutes sortes d’essais, dit-il. Je fais ça parce que je veux contribuer à encourager ces cultures émergentes qui offrent des opportunités d’affaires pour tous ceux qui veulent profiter des ressources de leur coin de pays. »
Comme lui, des producteurs font appel aux organismes voués au développement des produits forestiers non ligneux (PFNL), qui incluent les végétaux comestibles : Association pour la commercialisation des PFNL, Kamouraska mycologique, La Filière mycologique de la Mauricie, Truffes Québec et les syndicats régionaux de producteurs de bois, pour ne mentionner que ceux-là. Ils partagent cette conviction que la forêt est un exceptionnel garde-manger.
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Cet article a été publié dans l’édition de septembre du magazine Forêts de chez nous