Forêts 29 août 2023

La filière mycologique de la Mauricie a relevé le défi

Il y a une douzaine d’années, c’était un rêve un peu fou initié par le Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie (SPBM). Aujourd’hui, la Filière mycologique de la Mauricie est devenue le pilier d’un véritable écosystème regroupant des personnes, des associations, des institutions
et des entreprises vouées au développement des végétaux comestibles dont regorgent les forêts de la région.


Les Tablées gourmandes proposent des soupers gastronomiques en plein cœur de la forêt.

«Il fallait vraiment être visionnaire parce que tout était à construire », se souvient Patrick Lupien, l’ingénieur forestier du SPBM qui, dès le début, a pris en  main les commandes de la filière à titre de coordonnateur. « La filière a livré la marchandise en créant des opportunités et tout s’est mis en place parce que des gens y ont cru et se sont impliqués. Maintenant, tout le monde fait bloc pour aller de l’avant. »

Et les propriétaires forestiers sont de la partie.

« J’entends de plus en plus de propriétaires parler des végétaux comestibles de leur forêt et ils ont pris conscience des possibilités de les exploiter que ce soit par eux-mêmes ou encore en ouvrant leur forêt aux cueilleurs professionnels et aux activités avec le public. »

Les propriétaires forestiers récoltent ainsi les fruits des efforts déployés depuis plus d’une décennie pour créer un véritable engouement des consommateurs à l’égard des produits de la forêt. 

C’est ainsi que les activités de cueillette et les ateliers de cuisine des champignons se sont multipliés dans la région. De nombreux établissements de restauration ont mis la gastronomie forestière à leur menu, stimulés par le « happening saisonnier » qu’est devenu Myco, le rendez-vous de la gastronomie forestière, qui en est à sa septième édition. 

Une nouveauté chaque année

Et chaque année apporte sa nouveauté. À l’automne, ce sera une série de trois Tablées gourmandes en forêt, des soupers gastronomiques dans des tentes de type prospecteur, en plein cœur de la forêt avec un menu composé de champignons, de légumes forestiers, de noix et petits fruits nordiques, et d’épices boréales.  

Parmi les projets en gestation, il y a celui mené avec le GastronomiQc Lab de l’Institut du tourisme et d’hôtellerie du Québec pour développer la route des saveurs des champignons forestiers, une façon d’éduquer les consommateurs sur les caractéristiques olfactives et gustatives des champignons pour ainsi en stimuler la demande.

C’est sans compter les programmes d’éducation développés dans les écoles tant au niveau primaire que secondaire et même avec une formation collégiale de cueilleur professionnel de 32 heures que le Collège Laflèche de Trois-Rivières vient d’inscrire à son offre.

Nous en sommes à créer des métiers reliés à la récolte des comestibles de la forêt avec du travail dès le début de la belle saison et jusqu’à l’automne et par la suite dans des entreprises qui en font la culture.

Patrick Lupien, ingénieur forestier du SPBM

Appuyer les producteurs

Si les producteurs manifestent de l’intérêt, la Filière mycologique et le SPBM comptent les appuyer dans leurs efforts. Les plans d’aménagement forestier en cours de préparation proposeront un calendrier de travaux sylvicoles tenant compte de la présence des végétaux comestibles.

« Le but est de moduler les opérations en fonction de la présence des comestibles, explique Patrick Lupien. Quand c’est le moment de faire la récolte des bolets présents dans une forêt et d’obtenir un revenu additionnel, ce n’est pas le temps de faire rentrer la machinerie. »

Les responsables de la filière croient que l’engouement créé autour des végétaux comestibles et les retombées économiques croissantes qu’ils génèrent amèneront l’État à adapter ses programmes pour fournir aux producteurs de bois une aide financière afin d’exploiter les comestibles de leur forêt.

De nombreux établissements de restauration, dont la Microbrasserie Le Presbytère, ont mis la gastronomie forestière à leur menu.