Du renfort de l’étranger

Je suis la quatrième génération de la ferme familiale bovine R. Bordeleau, de Clerval, en Abitibi-Ouest.

D’une petite ferme autosuffisante dans les années 1940 à une petite ferme laitière dans les années 1960 et à une des plus importantes fermes bovines au Québec, la Ferme R. Bordeleau a connu sa part de succès et de difficultés depuis sa création.

La croissance fulgurante de la ferme familiale dans les années 2000, où l’on pouvait compter jusqu’à 2 500 têtes, a mis beaucoup de pression sur les finances et les employés de l’entreprise. J’avais le goût de reprendre les rênes de l’entreprise, mais le roulement d’employés rendait impossible mon rêve qui aurait pu se terminer abruptement, si ce n’avait pas été de l’embauche de travailleurs étrangers. Mon père m’a toujours encouragé à travailler ailleurs, dans un autre domaine, parce que l’agriculture est un domaine très précaire. C’était un « pensez-y bien ».

En 2016, l’arrivée des six premiers travailleurs étrangers a donné un second souffle à l’entreprise en améliorant l’efficacité des opérations au quotidien. C’était enfin le fun d’aller travailler avec des gars motivés et à l’heure dans le champ. Pour faciliter le travail, j’ai étudié l’espagnol le soir tout en mettant au point des outils pour expliquer les tâches à faire. C’était vraiment important pour moi de développer plus qu’une relation employeur-employé avec eux. C’est ma famille, mes amis, étant donné que je n’ai pas beaucoup de temps pour sortir. Nous avons besoin de l’un et de l’autre pour que la ferme prospère tout comme leur famille au Guatemala.

En février 2020, je me suis même rendu au Guatemala afin de visiter les familles de ces travailleurs. Pour moi, c’était important de comprendre leur culture, d’où ils viennent, pour qu’on puisse ajuster nos manières de faire. Au Canada, on est habitués de travailler rapidement, efficacement, alors que ce n’est pas vraiment valorisé dans la culture latine.

Tout n’est pas parfait à la Ferme R. Bordeleau, mais l’avenir de la relève est assuré pour le moment grâce, entre autres, à la diversification des activités de la ferme, qui offre depuis trois ans de la viande Angus et Wagyu F1 sur le marché local de l’Abitibi-­Témiscamingue et dans l’ouest du Québec.


En collaboration avec
la Fédération de la relève agricole du Québec