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Drainer les champs avec les plantes
Utiliser les racines mortes des plantes de couverture, comme le seigle, pour permettre à l’eau de mieux percoler est une avenue prometteuse, dit l’agronome Carl Dion Laplante, du Consortium Prisme, un centre d’expertise en production maraîchère. « On a vu un bon impact, moins d’excès d’eau. Les cultures ont eu une meilleure croissance et il y a eu moins de maladies de sol. Mais ça reste nouveau, et peut-être pas nécessairement applicable dans tous les champs. » L’agriculteur Éric Van Winden a planté des lignes de saules à croissance rapide au-dessus des drains pour également permettre à l’eau de suivre les racines jusqu’aux drains. Les résultats sont intéressants, mais l’application à grande échelle de cette technique n’est pas évidente, constate-t-il.
Protéger les sols
Des plantes de couverture aident à contrer les périodes de sécheresse en gardant l’humidité et contribuent à diminuer l’érosion éolienne et hydrique des terres. Éric Van Winden continue aussi d’implanter des haies brise-vent. « Ce printemps, les grands vents ont scrappé des parties de champs. Les plantes étaient trop jeunes et le vent a coupé la plantule. On continue de semer des plantes de couverture et on plante 2 km de brise-vent cette année. »
Améliorer la structure
Spécialiste en pédologie des sols, Éric Thibault souligne qu’un champ bien égoutté et pourvu d’une bonne structure de sol s’avère primordial pour faire face aux changements climatiques. Les cultures de maïs ont particulièrement souffert de la sécheresse dans les sols compactés, ce printemps, avec des levées inégales, qui créant une désynchronisation de la floraison, laquelle a ainsi nui à la pollinisation et donc au rendement, explique-t-il.
Créer des bassins pour gérer l’eau
L’eau s’écoule rapidement des villes recouvertes d’asphalte et d’immeubles. Cela contribue à embourber les rivières du milieu agricole, estime l’agriculteur Éric Van Winden. Il propose de créer un plus grand nombre de bassins de rétention, qui diminueraient les coups d’eau et pourraient servir de réserve pour pallier les manques d’eau.
Parler d’argent
Certains producteurs perçoivent difficilement l’avantage d’améliorer leur champ ou leur structure de sol pour contrer les effets des changements climatiques, une façon de les motiver à poser des actions serait de parler davantage d’argent. « J’ai des clients qui font autant d’argent avec 200 hectares que d’autres avec 400 », dit l’agronome Éric Thibault. Dans des champs compactés, par exemple, le producteur a besoin de mettre 250 unités d’azote, alors qu’un champ voisin avec une bonne structure de sol offre les mêmes rendements avec 120 unités. Ce genre d’équation de rentabilité aurait avantage à être appliqué à plusieurs pratiques, croit-il. De son côté, Carl Boivin, chercheur à l’IRDA, estime que la question de la gestion de l’eau, avec les sécheresses et les pluies abondantes survenues dans les dernières années, est soudainement devenue un enjeu de productivité pour les entreprises agricoles, par exemple du côté de production de fraises, où la compétitivité est grande. Ce qui devrait donc motiver plus de producteurs à s’intéresser aux solutions permettant d’y faire face.
Réadapter les systèmes d’irrigation
« C’est un peu plate, car ça demande des coûts de plus, mais je pense qu’on va peut-être devoir un p’tit peu plus être équipé pour intervenir avec des systèmes d’irrigation et des aménagements hydroagricoles qui permettent de sortir l’eau du champ plus facilement et rapidement si le besoin est là », anticipe Carl Boivin.
Diversifier les risques
Les producteurs pourraient réduire leur vulnérabilité en choisissant, par exemple, différentes variétés de plants dont la résistance au stress hydrique n’est pas toujours la même selon le type de sol, ou encore en diversifiant leurs méthodes de culture, suggère Carl Boivin. « On voit, par exemple, en plus des fraises en champ, des fraises sur table ou sous abris, ce qui permet de mieux contrôler les facteurs extérieurs. On ne pourra bien sûr jamais juste faire de la fraise ou de la framboise sous abris, mais ça permet de diversifier les risques », souligne-t-il.
Se préparer aux nouveaux ravageurs
Face aux nouvelles maladies et ravageurs qui profitent des hivers plus doux, l’agronome Carl Dion Laplante affirme qu’il ne faut pas baisser les bras, mais plutôt se préparer. Il donne l’exemple de maladies dans l’oignon, comme le mildiou. « On l’a vue venir, on a fait des stratégies, on suit les champs et en mettant en place des pratiques, on a réduit une bonne partie des pertes. » Diminuer l’utilisation de pesticides, les appliquer plus efficacement et augmenter la biodiversité est une autre façon d’améliorer sa résilience face aux ravageurs. L’agriculteur Éric Van Winden a diminué de 80 % l’utilisation de pesticides sur sa ferme par un meilleur dépistage, grâce à l’application plus précise par robots et en optant pour des mouches stériles, par exemple.