On devrait éviter la fauche automnale dans la mesure du possible. Pourquoi? Tout simplement parce que cette fauche augmente la mortalité de la luzerne et réduit le rendement de la prairie à long terme. Il est possible de le constater dans l’étude québécoise ci-dessous, qui a évalué l’effet de diverses stratégies de fauche sur un mélange à base de luzerne durant ses quatre années de production.

On peut donc dire qu’une fauche à l’automne revient à dépenser pour diminuer son rendement… On considère une fauche comme étant automnale lorsque la coupe est réalisée durant la période où la luzerne accumule ses réserves pour l’hiver. La période varie selon la région :

1 350 degrés-jours (ex. Normandin) : après le 28 août

1 700 degrés-jours (ex. Québec) : après le 5 septembre

2 100 degrés-jours (ex. Montréal) : après le 12 septembre

J’entends déjà les sceptiques me dire qu’ils ne veulent pas avoir de chaume dans leur première coupe l’année suivante. C’est vrai que ça peut arriver, surtout quand la luzerne est haute, et lorsqu’il n’y a pas beaucoup de neige pour taper les tiges. Il ne faut toutefois pas oublier que ce même chaume permet d’accumuler la neige dans le champ, ce qui protège la luzerne contre le froid. De plus, la qualité diminue peu en présence de chaume au printemps, selon une étude réalisée au Wisconsin (-0,6 % de protéines brutes; +2,9 % de fibres au détergent neutre) Cette étude a d’ailleurs démontré qu’il n’est pas rentable de sortir la machinerie pour retirer le chaume, même si cela améliore légèrement la qualité de la première coupe.

D’autres me diront qu’ils craignent que la luzerne étouffe durant l’hiver. Je vous rassure, c’est très rare dans la luzerne. Pour les peuplements denses de graminées ou de trèfle, il peut toutefois y avoir un certain risque.

Un bon compromis pourrait être d’éviter la fauche automnale, sauf si la luzerne dépasse une certaine hauteur. Certains utilisent une hauteur de 12 pouces comme barème. Si la coupe doit être réalisée, on doit faucher à une hauteur de 4 à 6 pouces, s’assurer d’un délai minimal de 500 degrés-jours (environ 50 jours) entre les deux dernières coupes et, idéalement, faucher près du gel mortel (-3 °C).

Vous n’êtes pas convaincus? Laissez la luzerne debout sur la moitié d’un petit champ et comparez le rendement l’année suivante. Vous serez surpris de la différence!