Ce contenu est réservé aux abonné(e)s.
Pour un accès immédiat,
abonnez-vous pour moins de 1 $ par semaine.
S'abonner maintenant
Vous êtes déjà abonné(e) ? Connectez-vous
La saison estivale se démarque des précédentes par une absence de porcs en attente dans les élevages de la province. Le poids des animaux livrés aux abattoirs a même légèrement diminué, ce qui signifie que les cochons, qui ne sont pas assez nombreux pour répondre à la demande des acheteurs, doivent être livrés plus tôt.
Le phénomène a été confirmé par Olymel. Depuis quelques semaines, le principal transformateur de porc de la province dit recevoir moins de porcs que prévu dans ses usines. Une situation qui a pris tout le monde par surprise et qui a forcé le transformateur à élucider la situation avec les Éleveurs de porcs du Québec. « C’est difficile à comprendre, car on s’attendait plutôt à l’inverse, réagit Louis-Philippe Roy, président des Éleveurs, en entrevue avec La Terre, le 8 août.
En effet, avec les vacances estivales et la réduction progressive des activités d’abattage à l’usine Olymel de Vallée-Jonction, qui fermera ses portes à la fin 2023, les porcs auraient normalement dû s’accumuler dans les engraissements plutôt que diminuer. « On a peut-être sous-estimé le nombre de producteurs qui ont quitté la production en 2022, mais surtout ceux qui ont pris la décision de le faire au début de 2023, avance M. Roy. De plus, les producteurs ont peut-être été plus nombreux à vendre des porcelets par eux-mêmes à l’extérieur du Québec sans nous en informer. »
Le troisième facteur qui entre en jeu, selon lui, est l’optimisation des activités du côté des abattoirs. « Ils ont du nouvel équipement ou de la main-d’œuvre supplémentaire qui leur permet d’augmenter la production. Par exemple, Aliments Asta manquait de porcs et on lui a réattribué une partie de la production qui devait au départ être coupée », indique-t-il.
Un « trou » dans l’inventaire
Pour toutes ces raisons, les Éleveurs se retrouvent avec « un trou dans l’inventaire », mentionne M. Roy. L’organisation devra toutefois arriver à élucider les causes exactes de ce manque en obtenant des chiffres plus précis sur la production de ses membres, afin notamment de savoir si cette baisse de production dans les élevages est permanente ou temporaire.
Ces données s’avèrent cruciales dans le contexte où l’organisation s’apprête à amorcer le processus de décroissance de la production par l’intermédiaire du mécanisme de retrait temporaire. Un outil qui permettra de dédommager financièrement des éleveurs qui souhaitent se retirer de la production.
L’objectif de départ était d’arriver à réduire la production de 15 %, ce qui équivalait à la baisse d’achat d’un peu plus d’un million de têtes par année annoncée par Olymel à partir de janvier 2024. Entre-temps, cet objectif a été revu à 9%, soit l’équivalent de 640 000 porcs, précise M. Roy. « On se rend maintenant compte, dans la situation actuelle, que ce 9 % n’est peut-être pas aussi coulé dans le béton qu’on le croyait. Il ne faudrait pas fermer trop d’élevages et puis manquer de cochons dans les abattoirs par la suite. »
Un deuxième appel de soumissions réajusté
Le premier appel de soumissions à ce mécanisme de retrait temporaire a permis à l’organisation de sélectionner une première cohorte de producteurs qui pourront quitter la production, ce qui pourra réduire la production d’environ 3 %, « soit l’équivalent de 8 000 truies et 200 000 porcs », rapporte le président des Éleveurs. Un second appel de soumission sera lancé s’il y a nécessité de réduire davantage la production par la suite, à la lumière des données que seront en mesure d’obtenir les Éleveurs de porcs par rapport à la production réelle dans les élevages.
Délai supplémentaire
Le règlement encadrant le mécanisme de retrait temporaire vient tout juste d’être approuvé par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec, qui a rendu sa décision le 10 août. Une étape que les Éleveurs de porcs attendaient impatiemment afin de pouvoir amorcer la réduction de la production. Or, voilà qu’un nouveau délai s’ajoute au processus. C’est maintenant La Financière agricole du Québec qui doit attendre l’aval de la Commission d’accès à l’information du Québec pour que les Éleveurs de porcs puissent leur transmettre les informations concernant les éleveurs sélectionnés au programme. Une approbation qui « peut prendre jusqu’à 30 jours », précise Tristan Deslauriers, directeur des relations publiques des Éleveurs. Malgré tout, ce dernier estime que l’organisation arrivera à réduire la production dans les délais prévus.