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Une accumulation de pluies torrentielles au mois de juillet génère des dégâts majeurs dans de nombreuses fermes de fruits et légumes du Québec. Plusieurs ont subi des dommages directs en raison des excès d’eau, tandis que d’autres appréhendent des problèmes de conservation liés à la formation de maladies et de moisissures. Les associations horticoles et l’Union des producteurs agricoles, qui n’hésitent pas à qualifier la situation d’exceptionnelle, ont rencontré La Financière agricole du Québec et le ministère de l’Agriculture (MAPAQ) à deux reprises ces dernières semaines pour leur réitérer que l’assurance récolte, à laquelle plusieurs de leurs membres préfèrent ne pas souscrire, n’est pas adaptée aux événements météo extrêmes de plus en plus fréquents.
« À Saint-Michel, ça va, mais dans mes champs à Hemmingford, c’est une catastrophe », laisse tomber avec découragement Olivier Barbeau, qui cultive des produits dans ces deux municipalités de la Montérégie.
À Hemmingford, où ses semis de légumes s’étendent sur une cinquantaine d’hectares, il estimait le 14 juillet avoir reçu 300 millimètres de pluie en une semaine, ce qui a fait déborder les rivières qui longent ses champs, inondant une grande partie de ses cultures.
« Les épinards, c’est perte totale; la coriandre, c’est perte totale; les radis, c’est perte totale », énumère le producteur, qui signale aussi des dommages dans ses productions de persil, d’oignons verts et de carottes. « J’aurai pour un demi-million de dollars de pertes en semences, en engrais, en temps. Je ne peux même pas aller ressemer, parce que les terres sont submergées, c’est trop mou. »
À la Fraisière Faucher, de Portneuf, dans la région de la Capitale-Nationale, le directeur des opérations, Marc-Antoine Demers, évaluait à 600 000 $ ses pertes dans les fraises d’été, le 18 juillet. « Ça empire toujours, parce que la pluie n’arrête pas de tomber. Ce qui me fait peur, c’est que ce n’est pas fini. On commence tranquillement la fraise d’automne et déjà, on voit des signes de maladies dans les champs. »
Le président de l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec, Michel Sauriol, qualifie la situation de catastrophique dans les régions du Centre-du-Québec et de la Capitale-Nationale, où les récoltes de fraises d’été étaient moins avancées en juillet, comparativement à celles des régions à proximité de Montréal. Il rappelle que les fraises et les framboises sont des fruits fragiles et facilement dommageables par les excès d’eau.
« On n’a jamais vu ça, autant de pluie intense dans une si courte période. […] Chaque saison, on joue au casino, pas à peu près. Cette année, la météo est particulièrement infernale. Avant la pluie, on a eu des gels intenses ce printemps, du vent », rappelle-t-il.
Problèmes de conservation appréhendés
De son côté, l’Association des producteurs maraîchers du Québec rapportait, en date du 19 juillet, des dommages dans plusieurs régions, dont Lanaudière, la Montérégie, les Laurentides, l’Estrie, Québec et Chaudière-Appalaches.
À Saint-Sulpice, dans Lanaudière, le producteur de légumes racines, surtout destinés à l’entreposage, Dominique Thérien appréhende des problèmes de conservation pour ses navets, ses carottes et ses betteraves, à récolter plus tard en saison. Environ 450 millimètres de pluie sont tombés dans son secteur depuis la fin juin. « Moi, les dégâts, je vais les avoir plus tard, a exprimé l’agriculteur, le 14 juillet. Ça fait trois semaines qu’il pleut sans arrêt. Les terres n’ont pas le temps de sécher, les plants dépérissent. Avec les excès d’eau, beaucoup de légumes vont pourrir en entrepôt », croit celui qui évalue déjà ses pertes à 1 M$.
Arrosage par hélicoptère
Dernièrement, des producteurs de pommes de terre de Lanaudière, incapables de se rendre dans leurs champs pour l’application de fongicides visant à prévenir le mildiou, ont eu recours à l’arrosage par hélicoptère sur environ 200 hectares, raconte le président des Producteurs de pommes de terre du Québec, Francis Desrochers. « Les gars n’étaient pas capables de passer dans leurs champs. Il y a eu tellement d’eau. Il a grêlé aussi », rapporte-t-il.
Les associations horticoles en étaient encore, au moment de mettre le journal sous presse, à sonder leurs membres pour chiffrer l’ampleur des dommages afin de faire des représentations auprès de la Financière agricole et du MAPAQ